Paris, Espace B, 12 février 2018.
Pour ceux qui n’ont pas suivi, White Wine, est le dernier projet en date de Joe Haege de 31Knots, accompagné de deux teutons de Leipzig. En quelques albums, le trio a réussit à imposer son style, et se détacher du lourd passé de son chanteur. Et vu le dernier album que le groupe vient de sortir, j’étais bien impatient de voir ce que ce vin blanc allait donner sur scène.
Mais avant cela, un duo du nom de Dr33 a la lourde tâche d’ouvrir. Je ne connais rien d’eux. Jamais entendu parlé. Le groupe se compose d’une batterie et d’un simple accordéon, passé dans de nombreuses pédales d’effets. Et dès les premières notes, le groupe, encore un peu timide, impose le respect. Un son sombre sort des amplis, une sorte de néo-dub electro investi les lieux. Dans son style et son originalité, Dr33 me rappelle ce duo anglais du nom de Spaceheads qui mélangeaient, eux, trompettes+effets, et batterie. Ce soir, Dr33 est plus atmosphérique, et moins dansant, mais ses instrus ont de la gueule. Ça manque un poil de charisme et d’énergie pour un lundi soir, mais leur dark dub est une belle découverte.
Puis vient le tour de White Wine. Sur scène, les deux allemands attendent le signal. Du son sort des enceintes, c’est parti. Joe entame sa parade du fond de la salle, blouson de chantier jaune et casquette sur la tête. Sur scène, le haut-bois (élément important de la formation) sonne à merveille, et le rythme commence à s’affoler. Bien entendu, les anciens fans de 31knots risquent de ne pas tout comprendre. On retrouve bien le chant déjanté de Joe, et ses mélodies étrangement chaloupées, mais ici l’indie-rock se délie de plus en plus. La guitare disparait au profit des synthés bizarres, et les envolées pop sont méchamment plombées à la sauce allemande. D’autant plus ce soir où le son minimal et brut du lieu rend les morceaux du groupe encore plus bruitistes. Légèrement à l’étroit derrière ses synthés, Joe continue de faire le show, laissant ses camarades se concentrer sur leurs instruments respectifs. De l’autre côté de la scène, le chevelu passe du haut-bois à la basse, puis du synthé au sampleur, parfois le tout en même temps, avec un détachement déstabilisant. Mais quand arrive les tubes du dernier album (ainsi que ceux du précédent), la température monte d’un cran. Joe continue de faire des aller-retours dans le public, ajoutant quelques trouvailles de mise en scène au fil des morceaux. L’ambiance est bon enfant. Je regarde les visages dans le public, et j’y vois de grands sourires. White Wine y est. On oublie le passé intouchable et on apprécie la prestation unique de ce groupe étrange. On regrettera juste que Joe soit confiné derrière ses synthés (quand il ne s’en échappe pas), ce qui réduit un peu le spectacle. Mais ne soyons pas mesquins, les tubes déglingués de ce White Wine américano-allemand ont vraiment de la gueule, et la version live n’a rien à se reprocher. “Touché, touché, touché, touché” qu’ils chantent… tu m’étonnes.
photos : [mr rage]