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The
girl from Ipanema
Hermann/Yves H.
(le lombard)
Tony Masciello, alias Jazz, est chargé de dégoter de jolies filles pour
le compte de Scarpa, le parrain de la mafia californienne. Ce soir, il
escorte Jennifer et Dorothy, rêves hollywoodiens plein la tête, chez Bodo
Horvath, le couturier du gratin de la côte ouest, pour les faire belles
avant qu'une voiture ne les emmène à une soirée chez Scarpa. Alors qu'elles
sont en train d'enfiler leurs superbes robes dans une chambre, Dorothy,
qui a dû un peu trop fumer, fouine dans la pièce et tombe sur un flingue.
Quand Bodo Horvath revient, elle décide de s'amuser un peu avec lui, histoire
de vérifier s'il est aussi "pédé" qu'on le raconte. Et quand ce dernier
tente de récupérer l'arme, l'histoire dérape… Et Bodo et Jazz sont dans
le pétrin... Noir. Ce polar est d'un noir opaque que rien ne vient percer.
Il faut dire qu'il est placé sous les auspices de maîtres en la matière
: James Elroy et David Lynch, à qui Yves H. fait quelques clins d'oeil
dans l'histoire. Les figures du genre sont donc toutes là : le parrain
sans pitié, les hommes de main consciencieux et brutaux, les flics pourris,
les jolies filles innocentes et naïves, l'inspecteur en quête de rédemption
prêt à aller jusqu'au bout pour cela… On l'a compris, Yves H. n'a pas
décidé de révolutionner le genre. Au contraire, il s'approprie ses codes
pour livrer un scénario limpide, violent et diablement efficace qui tient
en haleine jusqu'au bout. D'autant plus efficace que le dessin de son
père est parfait : son trait fin, délicat, presque fragile sied à merveille
à l'intrigue. Un exercice de style réussi.
[sullivan]
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