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L'assassin
qui parle aux oiseaux, tome 1
Servais
(dupuis)
Blaise Van Huppen est libéré après 12 années passées en prison. Il a été
condamné pour le meurtre d'une femme. Sa mère n'étant désormais plus de
ce monde, il n'a plus de famille, plus d'attaches. Il ne lui reste que
la maison. Celui que les gens appellent le roitelet parce qu'il adore
tellement les oiseaux qu'il les observe longuement et leur parle, revient
donc au village. Sur les lieux du crime. Cependant, les habitants ne voient
pas ce retour d'un très bon oeil, c'est le moins que l'on puisse dire.
En fait, Blaise et sa mère, qui était sourde et muette, n'avaient jamais
vraiment été acceptés par les villageois. Trop secrets, trop originaux,
trop gentils certainement. Mais, bien sûr, depuis sa condamnation, c'était
encore pire : il était devenu la brebis galeuse. Une brebis qui mettait
en péril le reste du troupeau. Comme à son habitude, Servais a placé la
nature au centre de son récit. Lui qui a toujours été intéressé par les
comportements humains a cette fois décidé d'étudier un microcosme très
particulier : le petit village. Et avec lui, ses petites habitudes, ses
commérages, ses rivalités, ses meneurs, ses a-prioris, ses peurs et ses
boucs émissaires. Face à ce village, il y a le roitelet, victime toute
désignée parce que différente et fragilisée : pas de père, une mère handicapée,
nouveau venu dans le village… Une victime qui n'a pratiquement qu'un
allié : les oiseaux, omniprésents et magnifiquement dessinés. C'est une
histoire forte qui respire l'authenticité (les personnages sont plus vrais
que nature) que Servais nous conte là. Un drame à la logique implacable
qui nous entraîne irrémédiablement dans le sillage de Blaise et,
malgré des évolutions parfois prévisibles de l'intrigue, nous prend véritablement
aux tripes.
[sullivan]
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