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Le
chat du rabbin. T.4 : Le paradis terrestre
Sfar
dargaud
Fuyant la pluie de Paris, le chat du rabbin est de retour au pays. Dans
le désert algérien, il accompagne le cousin de son maître,
le Malka des lions, dont on dit qu'il a conquis le cœur de toutes
les femmes et qu'il peut vaincre les lions les plus féroces. Notre
félin va pourtant aller de surprise en surprise au sujet de cette
figure légendaire : le Malka n'est plus en fait qu'un vieillard,
il invente des mises en scène pour quémander quelques pièces
aux enfants des villages qu'il traverse et… il n'a jamais eu qu'une
seule femme dans toute sa vie ! D'ailleurs, croyant sa déchéance
venir, son entourage veut lui éviter l'humiliation : le serpent
veut le mordre pour qu'il meurt en héros ; on lui propose de remplacer
son vieux lion par un plus jeune et sa compagne lui suggère même
de travailler pour un cirque, à l'instar de Buffalo Bill, pour
continuer à gagner sa vie...
"Le paradis terrestre" est des plus sfaresques ! Notre
auteur, qui ne recule devant aucune éxagération et dont
l'imagination trépidante et délirante ne se fixe aucune
limite pour nous divertir, a en effet décidé de s'expliquer,
indirectement, sur son talent pour la manipulation. Son secret ?
Il n'y en a pas car, finalement, tout le monde est comme lui et ment pour
arriver à ses fins. En tête, sa mamy dont "les anecdotes
évoquées dans cet ouvrage sont rigoureusement exactes et
jamais éxagérées" puisque c'est elle qui les
lui a contées. Mais aussi le Malka, obligé de raconter et
jouer ses légendes très romancées pour survivre.
Ou le rabbin qui prêche en échange de dons des fidèles.
Sans parler des hommes politiques, capables de dire tout et son contraire
pour être élu. Ce tome 4 est donc une sorte d'hommage à
l'imaginaire signé par l'un de ses plus habiles serviteurs. Ou
une dénonciation de la manipulation, c'est selon. Avec, en prime,
de jolies réflexions sur l'héroïsme, la guerre ou la
création.
On connait par cœur ce dessin spontané et vif qui donne parfois
l'impression d'être bâclé, on sait bien de quoi est
faite sa verve inventive et pourtant il parvient encore et toujours à
nous surprendre ! Il est fort ce Sfar.
[sullivan]
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