Le garage hermétique
Moebius
les humanos

“Le garage hermétique” est un rêve, que dis-je, un fantasme de dessinateur. Un délire tout droit sorti de l’imaginaire de Moebius. Une œuvre qui laisse songeur devant l’incroyable liberté éditoriale dont jouissaient les auteurs collaborant à Métal Hurlant à cette époque (je parle bien sûr des années 70-80). Un ovni narratif qui pourrait difficilement voir le jour actuellement. Quoique des auteurs comme Sfar, Sapin ou Trondheim n’en soient parfois pas si loin.
Mais revenons à ce “Garage hermétique” et au contexte dans lequel il a été créé. L’introduction de Moebius ouvrant cette nouvelle édition nous apprend que les 2 premières pages n’étaient en fait que des essais graphiques, une sorte de défouloir sans but précis et surtout sans suite programmée. C’était sans compter l’intervention de Jean-Pierre Dionnet, alors rédacteur en chef de Métal Hurlant, qui tomba par hasard sur ces 2 pages, les publia et demanda à Moebius de lui fournir une suite pour le numéro suivant. C’est ainsi que l’auteur improvisa épisode après épisode la centaine de pages de l’histoire. Ce qui explique que la cohérence de l’ensemble ne tienne parfois qu’à un fil.
L’histoire ? Plusieurs héros se pourchassent dans les différents niveaux d’un univers inconnu afin se s’éliminer. Il y a le Bakalite, Jerry Cornélius, l’infâme Sper Gossi et le célèbre Major Grubert. Si Moebius a choisi le genre de la science-fiction, c’était pour s’offrir un territoire libre de toute contrainte . Et cela part effectivement dans tous les sens et délire à tout va. Mais au-delà de l’histoire (loin d’être inoubliable), c’est bien sûr l’exercice de style qui est digne d’intérêt. Et, avec lui, le second, voire le troisième degré, et l’autodérision dont Moebius fait preuve. Bien entendu, du fait que tous les épisodes soient désormais compilés en un seul tome, le plaisir de découvrir chaque mois la suite de l’histoire et le jeu instauré par Moebius avec le lecteur (il n’y a qu’à lire les résumés débutant chaque épisode pour tout de même en avoir une idée) ont disparu mais “Le garage hermétique” reste une vraie curiosité et un témoignage des années Métal Hurlant.

[sullivan]

 

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