Québec.
Un détroit dans le fleuve.
Collectif
casterman
Franchement, je me méfie
toujours un peu de ces travaux de commande qui font se réunir de façon
un peu artificielle dessinateurs et scénaristes ne se connaissant parfois
même pas et dont le projet éditorial est souvent bien flou. Ce
n’est heureusement pas le cas de ce “Québec. Un détroit
dans le fleuve”, qui se montre au contraire inspiré.
Le festival de bande dessinée francophone de Québec a en fait
décidé de prendre part, à sa façon, aux célébrations
du 400e anniversaire de la fondation de sa ville en sortant cet ouvrage collectif
rendant hommage à l’histoire de la cité canadienne. Il
a donc demandé à des binômes franco-canadiens de proposer
des histoires, quatre, de 12 pages chacune, ayant Québec pour cadre.
Et les binômes s’en sortent tous honorablement, parvenant à
respecter le cahier des charges tout en gardant personnalité et inventivité.
Tripp et Duberger proposent avec “Les cousins” d’initier
le lecteur à la fête du Nouvel An en Acadie, qui peut parfois
réserver quelques surprises. Dans “La porte de Saint-Jean”,
Philippe Girard et Moynot évoquent avec un brin de malice l’austérité
des écoles catholiques de l’après-guerre. Et Davodeau
met en images “Le boulon d’or”, chronique sociale écrite
sur mesure pour lui par Pascal Girard dans laquelle notre duo rend hommage
aux ouvriers qui ont aidé à la construction de la ville.
Mais c’est bel et bien le “De la fondation de Québec”
de Beaulieu et Bravo qui se montre le plus brillant. Comme son nom l’indique,
le récit met en scène les tout débuts de l’histoire
de Québec. Les 2 auteurs proposent ici une version délirante
et caustique à souhait de cet épisode de l’histoire canadienne
et livrent des révélations parfois hautes en couleurs sur le
choix du nom de la ville, Samuel Champlain (le fondateur) ou les motivations
des français. Hilarant !
[sullivan]