Cavales
Piatzszek/Douay
quadrants
Le gros Serge s’est
fait doubler par l’un de ses gars. Sauf que c’est justement maintenant
qu’il a besoin de sa part du braquage vu que des petits voyous de banlieue
ont kidnappé sa fille, histoire d’avoir également leur
part du gâteau. Alors qu’il n’a plus que quelques heures
pour trouver l’argent de la rançon, notre homme n’a plus
beaucoup de solutions : retrouver Nino et lui faire cracher le butin
ou remplir le contrat que Gu lui a proposé. Sauf que Serge a beau être
un truand, il a des principes : il ne tue pas…
Les temps ne sont plus ce qu’ils étaient et même les truands
ont changé. Finies l’éthique et les valeurs, comme le
respect de la famille. Les nouveaux voyous imposent leurs propres règles.
C’est ce que Serge va apprendre à ses dépens. Même
Gu sur qui il pensait pouvoir compter profite de la situation pour lui “refiler”
un contrat…
Pour ses débuts en bandes dessinées, Stéphane Piatzszek
livre avec “Cavales” un polar champêtre sombre et souvent
peu disert, aussi froid que ce Morvan hivernal qui lui tient lieu de décor.
Si la narration, grâce à un dédoublement de l’intrigue
(Serge d’un côté ; les kidnappeurs de l’autre),
à un découpage incisif et à un dessin au trait discret
derrière l’encrage mais expressif, est très maîtrisée,
c’est bel et bien le personnage de Serge qui élève ce
récit au-dessus de la mêlée des innombrables sorties de
la rentrée. Ce costaud au grand cœur prêt à tout
pour retrouver sa fille est en effet touchant lorsque sa folle cavale laisse
entrevoir une fragilité insoupçonnée derrière
la détermination du père. Il fait de “Cavales”
une œuvre forte qui donne envie de retrouver rapidement Piatzszek (mais
d’autres projets, pour le même éditeur mais aussi pour
Futuropolis, sont déjà en route…) et qui confirme que
la ligne éditoriale de Quadrants est décidément inspirée.
[sullivan]