Shutter
Island
De Metter/Lehane
casterman
Années 50. Les
marshalls Daniels et Aule sont sur le ferry assurant la liaison entre le continent
et l’île de Shutter Island, située au large de Boston.
Ils viennent à la demande des autorités de la prison psychiatrique
qui se trouve sur l’île, pour élucider la disparition d’une
“patiente” la veille au soir. Au côté étrange
de l’affaire (Rachel Solando, qui a, quelques années plus tôt,
tué ses trois enfants, est parvenue à s’échapper
de sa cellule verrouillée de l’extérieur et a laissé
derrière elle un message composé de codes) s’ajoute rapidement
le comportement bizarre des responsables de l’établissement,
ceux-ci donnant l’impression de tout faire pour que l’enquête
n’aboutisse pas. Et comme si cela ne suffisait pas, une tempête
est annoncée dans la région…
Sincèrement, il fallait avoir du cran pour oser adapter “Shutter
Island” en bande dessinée. De Metter avait en effet beaucoup
plus à perdre qu’à gagner en se frottant à ce chef
d’œuvre noir publié chez Rivages. L’auteur a cependant
relevé le défi avec brio. Ayant compris qu’il ne pouvait
pas améliorer cette intrigue à la précision horlogère
et au suspense angoissant, De Metter a décidé de ne rien changer
à la construction narrative d’origine pour se concentrer sur
la restitution visuelle de son atmosphère trouble et de ses accointances
avec la psychologie et l’inconscient avec ce superbe trait au crayon
aquarellé de dégradés de verts et de noir.
La transposition en bd implique de faire des choix et De Metter a dû
couper certaines scènes mais ce “Shutter Island” est une
merveille graphique qui donne l’occasion à ceux qui ne connaissent
pas Lehane de découvrir ce récit de l’enfermement (d’où
le nom de l’île…) aussi surprenant (faux-semblants et illusion
y règnent en maîtres) que brillant et aux autres de relire d’un
autre œil ce régal de manipulation narrative.
Une grande réussite qui installe “Rivages noir” parmi les
collections dont on guette les prochaines sorties avec impatience.
[sullivan]