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Prisonniers du ciel
Burke-Le Luhern/Truong
rivages/casterman

Maître du roman noir, l’américain James Lee Burke est surtout connu pour sa série mettant en scène le lieutenant Dave Robicheaux. Souvent l’objet d’adaptations au cinéma (je vous recommande d’ailleurs celle qui doit être la dernière en date, "Dans la brume électrique", de Tavernier, avec Tommy Lee Jones), elle a cette fois les honneurs de la bande dessinée, via l’excellente collection "Rivages/Noir" de Casterman.
Dave Robicheaux est le genre de gars qui attire les ennuis. Il a beau avoir rendu arme et insigne le jour où il a découvert que son coéquipier (qu’il admirait) s’était fait descendre parce qu’il touchait des pots de vin et rackettait des putes, il faut croire qu’il était écrit qu’il ne pourrait pas couler des jours paisibles aux côtés d’Annie ("ce qui m’est arrivé de mieux depuis un paquet de temps") avec sa petite affaire de location de bateaux sur le bayou. Il a suffi qu’un petit avion se crashe à proximité de son embarcation pour que tout dérape de nouveau. Car après avoir plongé et remonté une petite fille, seule survivante de l’accident, Dave et Annie vont prendre une décision qu’ils regretteront amèrement par la suite : cacher et adopter la gamine, une immigrée clandestine…
Graphiquement fort (même si le trait épais de Truong nuit parfois à la clarté du récit), sombre et rythmé, "Prisonniers du ciel" est une bonne introduction à l’univers singulier de Burke (la Louisiane : sa culture cajun, ses bayous, son passé colonial…) pour qui ne connaît pas cet auteur. Les fans de l’américain auront quant à eux plus de mal à s’y retrouver. C’est l’éternel problème avec les adaptations littéraires. Car ce qui fait véritablement le sel de cette série réside dans la personnalité complexe et attachante de Robicheaux et ses deux pôles antagonistes (honneur et aspiration à la justice d’une part et démons intérieurs : addiction à l’alcool, blessure indélébile de la guerre du Vietnam, violence prête à surgir, d’autre part) qui ne cessent de le tirailler. Or, format bande dessinée plus court oblige, Claire Le Luhern ne peut qu’esquisser tout cela. Ce qui sera sans doute source de frustration pour qui connaît déjà la série. Et ce malgré la qualité du travail de Truong et Le Luhern.
[sullivan]

 


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