Épisode 129. Générique. Melrose Place. Musique mielleuse. Images aseptisées. Aujourd'hui, il va y avoir de l'action. Amanda Woodward va révéler son incroyable secret à son amant Stephen, toujours en phase terminale de brushing. Elle va lui dire que son choix est fait. Qu'elle ne pourra plus faire marche arrière. Que son implication dans un groupe d'emo rock est plus importante que son mariage arrangé avec lui. Stephen, hébété, ne comprendra pas. Encore moins à l'écoute des dernières productions incendiaires de la belle. Après un 10 pouces sur Stonehenge, un cinq titres autoproduit au joli nom d'Utramort, Amanda allume un troisième cocktail avec Pleine de Grâce sur Waiting for an Angel. Qu'on aime ou pas, qu'on le veuille ou non, Amanda est aujourd'hui, de par ses textes papier de verre et son rock vitriol, un des groupes français les plus excitants. En toute discrétion, le groupe normand avance musicalement en suscitant un engouement certain auprès de ceux à la recherche d'émotions fortes. Au parloir, Gerome (ventriloque d'Amanda) pour cet entretien virtuel.

 

 

 

 

||| interview : chRis A

||| photos : Kristof Flers
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Composition du groupe ? Année de formation ? Comment s'est passé le changement de batteur ?

Le groupe a une formation assez classique pour ce genre de groupe : basse, batterie, deux guitares et chant. On s'est formé en décembre 1999 je crois. On a eu un changement de guitariste et, depuis l'été dernier, on joue avec un nouveau batteur après que l'ancien ait quitté le groupe. Ça s'est passé très tranquillement, on a essayé de jouer ensemble et depuis ça va très bien, merci.

Quel est l'état d'esprit du groupe et l'ambiance qui règne au sein de celui-ci ?

Je ne sais pas si on a un état d'esprit particulier mais l'ambiance générale est pas mal disco et patte d'eph'. Je pense qu'on essaye de faire notre truc sans trop se poser de questions chiantes. Le groupe est un truc important dans nos vies donc on essaye de le faire du mieux qu'on peut, de se donner les moyens de nos envies. Sinon ça se passe plutôt pas mal. Heureusement parce que je ne pense pas que ce serait supportable autrement.

Comment présenterais-tu Amanda Woodward à ceux qui ne vous connaissent pas très bien, voire pas du tout ?

Ce n'est pas mon exercice de prédilection je t'avouerai. Je ne suis pas VRP dans l'âme pour un sou, alors décrire ce qu'on fait en cinq minutes ça ne ressemble à rien. Pour la police et les douanes aux péages d'autoroutes, on est un groupe de rock en tournée. Sinon, musicalement, je n'ai aucun talent pour décrire aux gens ce qu'on fait, je sais juste qu'on gueule en français, que ce qui nous intéresse c'est de sortir des disques qui nous plaisent, rencontrer des gens cools, voir des lieux chouettes et inattendus, faire des concerts un peu partout quand on peut, et puis c'est à chacun de se faire une opinion.

Qu'est-ce qui rend, à tes yeux, cette aventure excitante ?

C'est certainement qu'on s'occupe de tout ou presque, qu'on monte nos projets du début à la fin, qu'on garde un contrôle effectif sur ce qu'on fait. À partir de là, tu fais ce que tu veux et donc on fait des choses excitantes pour nous. Ce que le groupe apporte, ce sont des choses que tu ferais difficilement par toi-même, seul. L'excitation, elle vient pas mal du fait qu'on fait ce qu'on aime, de la musique, que ça nous permet de bouger dans pas mal d'endroits où on n'a jamais foutu les pieds et de rencontrer et partager des choses avec des gens.

Qui/qu'est-ce qui t'a inspiré à faire ce que tu fais aujourd'hui avec Amanda ?

Ça fait longtemps que j'écoute pas mal de musique, que je m'intéresse à tout ce qui se passe dans une scène qui représente plus ou moins selon les époques une sorte d'alternative plus ou moins pertinente. On a tous fait d'autres groupes avant celui-ci et donc c'est le prolongement de ce qu'on fait depuis un bon moment maintenant pour certains d'entre nous.

Qu'est-ce qui t'énerve le plus dans Amanda ?

Au sein du groupe, il y a toujours des trucs durs à gérer. Dans la mesure où on dirige nous-mêmes la plupart des choses, on est confronté à des choix à faire, des trucs relous à régler, mais ça se fait le plus tranquillement possible. Après, dès qu'on sort du cadre strict du groupe, il y a forcément des paramètres énervants, des histoires de thunes qu'on n'a pas, des embrouilles à deux balles avec des gens, mais rien de très insurmontable. Le plus dur pour moi c'est d'avoir un emploi du temps aussi pris par le groupe, savoir des mois à l'avance ce que je vais sûrement faire et par conséquent ne pas pouvoir faire. Ça me fait bizarre parfois parce que je n'ai pas trop accepté de connaître ça jusqu' ici mais ce sont des choix qu'on fait, et puis c'est pour le plaisir principalement, donc vraiment je me plains pas de faire ce groupe. C'est une des choses à laquelle je tiens le plus, aussi dérisoire que ça puisse paraître et être...

Y a-t-il une raison particulière derrière le fait que vous n'ayez pas encore sorti de vrai album ?

Oui, il y a plein de raisons je pense mais la principale c'est qu'on a croisé quelques problèmes qui nous ont empêchés d'avancer régulièrement comme les changements de membres. On a perdu pas mal de temps… Notre prochain projet, en dehors de faire des concerts c'est de composer un album qui devrait sortir en vinyle sur EarthWaterSky records.

Avec du recul que penses-tu de votre parcours jusqu'ici ?

Ça a été pas mal chaotique, donc j'ai tendance à me dire qu'avec ce qu'on a traversé, on s'en sort plutôt pas trop mal. On a sorti une démo CD nous-mêmes (qui est sorti en 10" picture disc sur Stonehenge). Ensuite on s'est démerdé pour faire des concerts un peu partout. On a sorti, fin décembre 2002, le CD 'Ultramort ' (qui vient de sortir en 12" sur Chimères) et là, vient de sortir le CDep 'Pleine de Grâce' sur Waiting for An Angel et ça sort aussi en 7" sur PurePainSugar / Code of Ethics. Tant qu'on a des projets devant nous, des envies de bouger un peu partout, ça veut dire qu'on est toujours aussi motivés et que notre parcours ne nous a pas découragé.

Que penses-tu des accents reggae dub sur 'Ultramort' ? Avez-vous d'autres envies / projets pour ouvrir votre emo rock ?

J'en pense plutôt du bien, forcément ! C'était important, je pense, de ne pas stagner dans ce qu'on faisait, d'essayer d'explorer d'autres voies et de les intégrer à ce qu'on fait. En plus, tout ça est assez spontané et correspond à des choses qu'on écoute pas mal et qu'on kiffe. On ne se pose pas la question de savoir quelle orientation musicale on veut prendre. Combien même on le déciderait, la composition de nouveaux morceaux reste du domaine de la surprise ; ça relève d'une démarche spontanée et pas forcément complètement contrôlée. Je pense que ça fait partie de l'évolution naturelle du groupe.

Tes textes sont bons et justes mais pourquoi penses-tu qu'ils me dépriment ?

C'est sûr qu'à les relire parfois, ça ne respire pas la joie de vivre mais tant mieux, je n'en ai rien à foutre. Plus ce sera sombre, plus ça ressemblera à ce que je pense de ce qui se passe. Je ne me vois pas écrire autre chose, je ne me vois pas me travestir pour raconter des choses auxquelles je ne crois pas. C'est sûr que c'est déprimant mais si tu poses un œil objectif et pragmatique sur les choses et les gens autour de toi, je pense qu'on peut difficilement se voiler la face et dire que tout est parfait. Je n'en ai rien à foutre de voir les choses comme ça et encore moins de les exprimer.

Malgré des paroles que je trouve noires et fatalistes, je me demandais ce qui pouvait apporter de la lumière, de l'espoir à ta vie ?

Je ne sais pas. Je ne pense pas être sinistre dans la vie et j'essaye de voir les choses d'un œil distant. Je suis surtout admiratif devant la connerie, et ce n'est pas dur de s'en gaver ! Il y a du génie dans la connerie, au moins autant que de choses à mépriser dedans et à ruminer négativement. Tout est bien surréaliste. Vraiment je trouve que ça tient du génie d'amener la bêtise à un tel paroxysme !

Amanda est pour toi : un hobby, une drogue, une thérapie, un délire, un exutoire, une forme d'engagement ?

Comme je le disais tout à l'heure, c'est vachement important dans ma vie. Tout ça dépend de l'humeur et de la façon de voir les choses. Ce qui te tient le plus à cœur à un moment, peut paraître tellement dérisoire ou frustrant à d'autres moments. Je sais juste que c'est vachement important et que ça m'apporte des trucs positifs dans ma vie. Et puis je ne me pose pas trop de questions comme ça.

A tes yeux, qu'est-ce qui manque encore à Amanda ?

Ce n'est pas dur d'y répondre. Il nous manque du temps et de l'argent. C'est aussi simple et con que ça. Autant tu peux contrôler ce que tu veux faire, autant tu es pas mal dépendant de contingences débiles, des thunes et du temps, c'est ce qu'on a le plus de mal à rassembler.

Après avoir collaboré avec Stonehenge et Waiting for an Angel, existe-t-il d'autres labels avec lesquels vous aimeriez travailler ?

Ouais, ce n'est pas forcément en terme de label mais il y a des gens avec qui on a des projets et on en aura certainement d'autres encore. On a toujours fait jusqu'ici des choses avec des gens qu'on connaissait un minimum et avec qui on avait des affinités.

Je sais que tu n'aimes pas trop les interviews mais quelle est la question qu'on ne t'a jamais posée et à laquelle tu meurs de répondre ?
Ben, tu vas être déçu mais je n'en trouve pas… Pourtant je kiffe, contrairement à ce que tu dis, de répondre à des interviews parce que ça permet de voir toi-même ce que tu peux penser, mais on a eu un peu de tout jusqu'à maintenant, des questions chouettes et intéressantes, des questions chiantes auxquelles tu n'as pas du tout envie de répondre ou même carrément que tu peux trouver connes et énervantes. En tout cas, merci beaucoup pour l'interview et bonne continuation à vous !

 

 

amanda woodward
151 rue saint-pierre - 14000 caen - france

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amanda_woodward@hotmail.com

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