HANSON BROTHERS "My game"
(Wrong rds - 15 titres)
Quel bonheur de retrouver ces Canadiens fanatiques de punk-rock et de Hockey ! Leur premier album ressemblait à une bonne farce punk : projet parallèle des frères Wright de Nomeansno, le seul but avoué des Hanson Brothers était d'assouvir un culte exacerbé aux Ramones avec le jeu de basse si représentatif de Nomeansno… En 2002, "My Game" reprend les choses quasiment au même endroit ! On sent un peu moins l'influence des Ramones, le premier album ayant sans doute suffisamment mis les choses au point, et l'esprit Nomeansno s'infiltre parfois plus que largement, mais je peux vous assurer que les 15 morceaux de cet album n'ont qu'un but : atteindre le morceau punk ultime. Rien à voir avec les dérives de la côte ouest ou autres chewing-gums collants de MTV, les Hanson Brothers ne sont plus tout jeunes (malgré ce que pourrait laisser croire leur déguisement de punks attardés), et leur punk puise ses mélodies dans la fin des années 70, début des années 80… C'est un régal. Du premier morceau, qui donne son nom à l'album, au dernier, il n'y a que des tubes tous plus brillants les uns que les autres ! Les textes ne parlent que de Hockey, et je peux vous assurer que si vous n'êtes ni allergiques à Nomeansno, ni au punk-rock, vous risquez de vous convertir au sport national canadien avant la fin de cet album. Une tuerie qui n'a pourtant rien de bien sérieux, excepté l'équipe de Hockey qu'ont créée ses membres !
[mg]

>> Voir aussi : Nomeansno, Ramones, Lurkers

 

ENGINE DOWN "Demure"
(Lovitt records - 10 titres)
Troisième album pour ce groupe de Richmond en Virginie. Formé en 96 sur les cendres de Sleepytime Trio (pour citer le plus connu), le quatuor propose une musique mélancolique, riche en mélodies, et hargneuse à la fois. Une sorte de croisement entre post-rock, pop, et émo-core, finalement assez proche de la scène de Washington DC. Leur premier album "Under the pretense of present tense" était d'ailleurs très marqué par Hoover, à savoir, un chant plus énérvé, et des morceaux plus tendus, bref plus hardcore. Le second "To bury within the sound" plus posé et mélodique s'inscrivait plus dans une lignée de groupes comme Reflector ou Reiziger, ou encore les compagnons de label Bats and Mice. C'est donc dans cette veine qu'il faudra désormais classer Engine Down. L'année dernière, un EP "A sign of breath", renforçe cette impression, et ce nouvel album s'impose dejà comme une valeur sûre du paysage indépendant 2002. Enregistré à Salad days studio, célèbre studio utilisé entre autres part Texas is the reason, Piebald et Converge, "Demure" part avec de sérieux atouts grâce à la production impeccable de Brian McTernan (Frodus, Milemarker). Le chant s'adoucit, les guitares fourmillent d'idées et un gros travail au niveau des arrangements est fourni. Le groupe n'hésite pas à utiliser violoncelle, piano et vibraphone pour enrichir sa musique, la superbe voix féminine de Maura Davis sur "Closed call" est du meilleur effet. Je n'arrive pas à vous dire si cet album est meilleur que le précédent, je peux par contre vous assurer qu'il est suffisamment riche pour attirer votre attention. En tournée en france (avec Aina et Vanilla !) durant le mois de mai, à Paris le 19 mai (péniche Makara).
[Greg]

>> Voir aussi : Reflector, Bats and Mice, Sleepytime trio, Abilene, Reiziger

 

JR MERILL "there must be something about…"
(Quirky Johns - ep 4 titres)
Après une démo particulièrement remarquée, les sixtizeux de Lyon sortent enfin leur première production vinylique et inaugure par la même occasion la naissance d'un nouveau label : le Quirky Johns records de Monsieur Sugar and Spice. Après divers changements de batteurs (Seb de feu-Condense, Andrew des feu-Happy Anger, puis aujourd'hui Hasmig des Kabbu Ki Buddah), le quatuor continue sa remontée dans le temps et nous présente ici quatre découvertes particulièrement travaillées. Les années soixante ont toujours été une décennie riche et passionnante, que cela soit au niveau musical, artistique en général (mode, littérature…), ou politique. Bref, malgré une batterie moins aérienne que sur la démo qui nous empêche de nous laisser aller complètement, Jr Merill arrive tout de même à recréer les vibrations des groupes mythiques des 60's, Music Machine en tête. L'approche est moins évidente que sur leur démo, les morceaux se veulent plus travaillés et moins spontanés, mais je reste déçu par le mixage qui place la batterie trop en avant, à l'opposé des productions de l'époque. En dehors de cette petite erreur dommageable, je peux vous assurer que les salauds continuent d'occuper le haut de l'affiche sixties actuelle. Les mélodies dansent et les émotions chavirent pendant que l'orgue, magnifique, nous subjugue. Même le chant névrotique de l'ex-Condense s'adapte parfaitement à l'ambiance rétro de ces nouveaux rois du sixties sound.
[mg]

>> Voir aussi : Music Machine, Make Up

 

CHOKEBORE "it's a miracle"
(Pale Blue - 11titres)
Il aura donc fallu attendre quatre ans pour voir le groupe d'origine haiwaienne donner une vraie suite au monochrome "Black Black"… Imaginez donc le nombre de cierges que ça fait pour entretenir la flamme unique de ce groupe. Le Ep "Strange Lines" et l'album solo de Troy B. Balthazar avaient certes aidé tous les fidèles à conserver leur foi mais il faut bien reconnaître qu'on n'y croyait plus vraiment. Avec une tournée européenne en demi-teinte l'année dernière, le groupe semblait quelque peu essouflé sur son Chemin de Damas. Alors c'est vrai (et même sans le sceau officiel du Vatican Inc. qui n'a pas encore authentifié cette résurrection improbable) on peut dire que ces 11 titres sont un miracle. Si "Ciao L.A" et sa power pop aux accents pixiens ouvre avec surprise ce nouveau testament, "Geneva" remet vite ensuite le groupe sur les rails qui l'ont mené vers ce pourquoi on l'aime. Les morceaux lents, tant portés par la voix délicieusement volatile de Troy que par les mélodies 'inoisydieuses' et vénéneuses des guitares, témoignent encore de la capacité folle que le groupe a pour composer avec finesse et maîtrise ses états d'âmes. Ces titres sont peut-être tristes, mélancoliques ou romantiques (qui sait ce que vous avez envie d'y trouver) mais avant tout ils sont forcément beaux car on sent derrière un groupe talentueux et attentif dans les moindres détails (guitare acoustique, piano, clavier) pour atteindre une certaine perfection. Le son est excellent et rend justice à toutes les nuances requises pour ce genre d'exercice. Alors est-ce un retour sans faute? Disons que "Ultra-Lite" et "Person you chose" sont deux chansons d'une qualité inférieure… et puis l'album ne fait que 38 minutes… Enfin, rangez vos livres de prières pour vous faire plaisir avec ce nouvel objet de culte… et ça vous évitera d'aller à Lourdes.
[chris]

>> Voir aussi : Troy B. Balthazar, Pixies

 

THE CINEMATIC ORCHESTRA "Everyday"
(Ninja Tune - 7 titres)
Après un premier album (Motion) et un disque de remixes particulièrement remarqués, The Cinematic Orchestra est devenu un petit phénomène electro dont beaucoup devaient attendre le deuxième album. "Everyday" se devait donc de confirmer le succès dont bénéficiait le projet de J. Swinscoe (d'ailleurs ancien employé de Ninja Tune)… Et si l'habileté des musiciens est plus que flagrante sur ce nouvel album, les ambiances exposées n'en sont pas pour autant élitistes. On se laisse facilement envahir par les émotions véhiculées (en dehors du chant de Fontella Bass, invitée sur deux morceaux). L'album commence même par une approche légèrement trop radiophonique et sirupeuse pour nous, mais le groupe se rattrape rapidement pour enchaîner les ambiances jazz, parfois posées, parfois superbement relevées par des rythmiques efficaces. On regrettera tout de même certaines facilités que nous avons du mal à excuser quand on voit la réussite de certains morceaux. Avec "Everyday", The Cinematic Orchestra ne veulent plus impressionner ni vraiment innover, mais offrir une musique forte, simple et confiante. Une musique qui s'inscrit, en dehors de quelques erreurs de goût, dans une logique jazz aux portes grandes ouvertes. Et c'est dans cette optique que la nouvelle formation excelle.
[mg]

>> Voir aussi : Miles Davis

 

...and you will know us by THE TRAIL OF DEAD " Source tags & codes"
(Interscope records - 13 titres)
Aie aie aie...Mais c'est pas croyable le nombre d'albums monstrueux qui peuvent sortir en ce moment ! Certains vont penser que j'aime tout ce que je chronique, c'est pas ma faute (en fait ces temps-ci je chronique tout ce que j'aime, nuance...). ...and you will know us by the trail of dead est un groupe trop méconnu en France, et bien, je le crie haut et fort, ce n'est pas normal ! Originaire d'Austin, Texas, les quatre personnes qui forment ce groupe ont un potentiel incroyable. Un premier album déjà de très bon goût en 98 (Trance Syndicate), un deuxième "Madonna" absolument superbe en 2000 (Merge records), une première tournée européenne l'année dernière (complètement déjanté sur scène d'ailleurs, ça fait très mal) et tout récemment, cette galette. Et j'apprends à l'instant qu'ils seront de retour le 18 mai à Paris, cool! Donc Trail of dead, est un de ces groupes qui a suffisamment de caractère pour se démarquer en proposant une musique personnelle. D'accord, parfois on pourrait penser à Fugazi (la façon de chanter), à Godspeed (si si, les orchestrations) d'autres fois à Sonic Youth (les guitares), mais franchement, il serait bien trop réducteur de les comparer à qui que ce soit. Pour vous aiguiller, disons que le groupe fait de l'émo-noise puissant, bien que ce terme ne me plaise pas vraiment, mais à défaut...(je vais quand même pas utiliser le mot "symphonique"). Peut être un peu moins furieux que le précédant, cet album est plus abordable et en tout cas bien plus riche grâce aux arrangements à tomber par terre (piano, trompette, violon, violoncelle, sax, percus,...). Mélodies, énergie, fureur, douceur aussi, tous les atouts pour faire un bon disque de rock et bien sûr, pour figurer dans notre playlist du moment.
[Greg]

>> Voir aussi : Fugazi, Sonic Youth

 

EL GUAPO "super/system"
(Dischord – 18 titres)
Voilà un disque qui risque de surprendre beaucoup d'habitués du label de Ian MacKaye et de Jeff Nelson ! Derrière ce groupe formé en 1996 à Washington DC, se cache un trio plus proche de leurs amis de Trans Am que des résidents classiques du label. À l'écoute des mélodies répétitives d'El Guapo (rien à voir avec les anglais de Guapo), on se croirait revenu à la fin des années 70, début des années 80, quand certains musiciens mélangeaient l'electronic, la culture pop, et une certaine démarche avant-gardiste. C'est impressionnant de retrouver ces mêmes sons et cette même approche des compositions. Certains reconnaîtront Kraftwerk, d'autres le Suicide d'Alan Vega, et nous pourrions même parler d'un chant évoquant les débuts de New Order, tandis qu'un titre comme "the Kid is Building…" les rapprocherait plus de certains délires de l'Est à la Tweng/The Ex. Une chose est sûre, ces trois Américains possèdent une certaine facilité pour trouver des boucles electro-rock naïves mais arty, à l'ambiance 70's/80's quasi-parfaite. Dès qu'on rentre dans leur univers, c'est un petit bonheur hallucinant. Malheureusement, sur la longueur d'un album, les évolutions viennent à manquer, et les bonnes idées présentes en nombre sont trop souvent interrompues pour laisser vraiment l'auditeur s'imprégner des émotions. C'est dommage vu l'excellence de certains titres qui méritent à eux seuls d'acheter cet album.
[mg]

>> Voir aussi : Kraftwerk, Alan Vega, Suicide, New Order, Notwist, Trans AM, Autechre

THE CAPITOL CITY DUSTERS "Rock Creek"
(Dischord – 10 titres)
Après un premier titre excellent rappelant aussi bien les pères spirituels (Fugazi) que l'ancien groupe d'Alec Bourgeois (Severin), ce nouvel album des Capitol City Dusters prouve que le trio de Washington DC a acquis une sacrée maturité depuis son premier album, "Simplicity" (Superbad/Dischord). La fraîcheur du punk émotionnel développée sur ce dernier était déjà très touchante, mais avec "Rock Creek", le groupe semble mieux se connaître, et leur langage musical s'aiguise. La classe indéniable du mélange chant/chœurs, que l'on sentait déjà bien dans Severin, est de nouveau plus affirmée ici. La musique se laisse, elle aussi, enivrer par les odeurs suaves de l'indie, et l'ensemble, qui devient étrangement plus intense qu'autrefois, s'accorde une cohésion digne d'un groupe qui a su trouver sa voie. Encore une fois avec le groupe de cet employé des bureaux Dischord (!), le punk n'aura jamais été aussi romantique… Et ce n'est pas l'envoûtant titre "Rock Creek Park" qui viendra dire le contraire. À écouter avec des fleurs cueillies à Washington DC !
[mg]

>> Voir aussi : Severin, Fugazi, One Last Wish, Most Secret Method

 

THE CRAFTMEN CLUB "prototype rock'n'roll music"
(high time - 8 titres)
Joli cabriolet sur la pochette, un titre évoquant la musique rock'n'roll, le moins que l'on puisse dire c'est que le Craftmen Club n'aime pas la subtilité. C'est donc sans aucune surprise que les décibels rock-blues-noise déglingués déboulentÉ Impossible de ne pas penser au Blues Explosion (surtout sur les premiers titres). L'énergie, le rythme, l'aspect destroy, et même le groove se retrouvent dans cette démo. Le mélange entre la touche rock'n'roll de nos parents et l'approche noise très actuelle est digne du maître Spencer. Le Craftmen Club, comme le Blues Explosion, touche à tout, s'amuse des clichés, et n'hésite pas à se mouiller en allant jusqu'au sample country speedé sur White Dog, ou le chant rappé à la Beastie Boys sur l'intro de One Day. C'est donc d'autant plus dommage de sentir d'une façon trop évidente les influences. "Rock'n'roll get up" les rapprocherait même du meilleur de Sloy (qui eux-mêmes imitaient Jon Spencer !), et "Bang Bang" semble repris des Cramps… Mais ne soyons pas mauvaises langues, si nous trouvons tant de bonnes comparaisons, c'est aussi parce que le groupe possède le talent de ses grands frères… et notamment la force de toutes ces formations qui arrivent à mélanger les genres, à faire du neuf avec du vieux, la force d'un Beck (The Beach) par exemple. C'est suffisamment rare pour le remarquer et ne pas être trop sévère sur ce cd. Une chose est sûre, pour ceux qui ne connaissent pas les influences précitées, ce "prototype rock'n'roll Music" fera office de révélation novatrice et convaincante. Vivement la suite.
[mg]

>> Voir aussi : Jon Spencer Blues Explosion, Beck, Sloy

 

 

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Mathieu Gélézeau & Natasha Herzock
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