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BASTARD
"The Acoustic Machine"
(Ici d'ailleurs/Tripsichord)
Tout ! Tout Bastärd est rassemblé sur les trois cd's que contient
ce coffret soigné intitulé "The Acoustic Machine",
à part les morceaux enregistrés avec Yann Tiersen. Et ce
tout est intelligemment organisé de façon chronologique,
ce qui permet d'appréhender la trajectoire et la progression de
ce groupe et d'apprécier le côté précurseur
et novateur de leur musique. Partis d'un noise hardcore lourd et virulent
hérité des Deity Guns, les Bastärd se sont ensuite
ingéniés à faire évoluer leur musique, en
la dégraissant, en l'ouvrant à d'autres instruments, à
d'autres influences, en s'autorisant à expérimenter, en
permettant à des invités de donner leur vision de cette
musique, en confiant leurs morceaux pour qu'ils soient remixer, sans jamais
renier leurs origines. Mais en essayant de les transcender pour amener
leur musique vers le beau et vers le chef-d'uvre "Radiant,
Discharged, Crossed Off", ultime témoignage du groupe enregistré
en septembre 1996. Complètement incontournable tant il fait figure
de clé de voûte pour la musique indépendante française.
Complètement inclassable tant il est à la confluence d'influences,
de sons, d'atmosphères différentes. Du post-rock avant l'heure.
Un post-rock qui n'oublie pas le rock. Un post-rock à la Bastärd
comme on a souvent pu le lire dans les chroniques d'autres albums....
[Sullivan]
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Voir aussi : Deity Guns, Tortoise, Neu!, Sonic Youth, Einsturzen De Neubauten
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MERCY
GIANTS "Racing club hades"
(9 titres Zabel muziek)
Groupe des fondateurs du label hollandais Zabel muziek, Mercy Giants ne
pouvait jouer autre chose que du post-rock. Mais attention, pas n'importe
quel post-rock. N'y voyez là aucun flottement musical, aucune mollesse
ennuyeuse. Le trio propose ici un second album d'une très grande
qualité, digne des plus grands. Même si cela n'a guère
à voir, on retrouve cette force énigmatique que véhiculait
le premier album de Tortoise, à l'époque où le groupe
savait encore introduire une pression typiquement noise à sa musique.
Mercy Giants n'est pas tombé dans les clichés electros,
ni dans les facilités ambient. Le groupe a juste su ouvrir sa noise
à d'autres horizons, et le résultat parle de lui-même.
La batterie séduit par sa finesse, les cordes imposent leurs ambiances
et leurs mélodies fragiles, la trompette et le clavier appuient
les sensations, tandis que la voix offre une véritable mélancolie.
Le résultat est là. Cet album possède ce que tous
les groupes recherchent, ce petit plus qui fait qu'on retiendra à
jamais un morceau plutôt qu'un autre. Et pourtant, ce "Racing
club hades" n'a rien d'évident, ni de radiophonique. Il semble
juste réfléchi, travaillé pour sonner juste. Sans
en faire trop, ni pas assez, sachant changer d'approche selon les morceaux,
rendant l'ensemble plus vivant, plus réel. Voilà des gens
qui ont du goût et du talent, rien à redire.
[mg]
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Voir aussi : June of 44, Tortoise, Talk Talk
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JETS
TO BRAZIL "Perfecting Loneliness"
(Jade Tree)
Franchement, c'est la première fois que j'appréhendais autant
l'écoute d'un album. Mais un petit flash-back s'impose pour comprendre
pourquoi. Lorsque Jawbreaker mit la clé sous la porte et que Jets
To Brazil sortit son premier album éponyme, tout le monde fut estomaqué
mais également rapidement conquis car force était de constater
que même si la musique des 'Jets' (on dit les 'Jets' quand on est
in) n'avait strictement rien à voir avec celle de Jawbreaker, c'était
fait avec talent. C'est vrai que ça s'est ensuite gâté
avec la sortie de "Four Cornered Night" et ses effets maniérés
de pop anglaise presque caricaturaux tant ils étaient voyants et
peu subtils. D'où l'appréhension citée précédemment
quand Jade Tree fit savoir que "Perfecting Loneliness" allait
sortir. L'écoute de l'album prouve en tout cas une chose : que
le groupe est lucide et sait faire son autocritique. Blake et ses acolytes
ont retenu les leçons du passé, ils ont digéré
les influences auparavant trop voyantes pour proposer 12 morceaux bien
plus inspirés et travaillés. Beaucoup d'entre eux dépassent
d'ailleurs les 6 minutes, ce qui permet au groupe de les faire évoluer
vers une musique qui garde certes un côté pop clair, d'ailleurs
revendiqué par les 'Jets', mais qui se fait aussi plus personnelle.
Et cela donne un album fort agréable ! Ah les a priori....
[Sullivan]
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DAG
NASTY "Can I say"
(cd remasterisé 16 titres - Dischord Records)
"Wig out at Denkos"
(cd remasterisé 17 titres - Dischord Records)
"Minority of one"
(12 titres - Revelation Records)
Dag Nasty fut au milieu des années 80, un groupe majeur dans l'évolution
du punk hardcore. Dès leurs débuts en 85 avec Shawn Brown
(qui jouera par la suite dans Swiz, Sweetbelly Freakdown et Jésus
Eater) au chant, le groupe s'imposa comme un groupe capable de pondre
de véritables brûlots hardcore avec des refrains mélodiques
incroyables. Avec leur premier album "Can I say" qui déboula
en 86 sur Dischord comme une véritable bombe de mélodies
énergiques (maintenant on appelle ça du hardcore mélodique),
le quatuor alors composé de Brian Baker (guitare), Colin Sears
(drums), Roger Marbury (bass) et Dave Smalley (chant), reprenait les choses
où elles s'étaient arrêtées avec des groupes
comme Circle Jerks, Minor Threat (dans lequel officiait le guitariste
Brian Baker), Adolescents, Channel 3. Les mélodies sont recherchées
et le tempo ne va pas forcément à deux cent à l'heure,
d'ailleurs des morceaux plus émo (aux éléments plus
pop si vous préférez) comme "Circles", "What
now ?", ou le véritable tube "Under your influence"
influenceront plus tard des groupes comme Jawbreaker, Samiam ou encore
Hot Water Music. La réédition vous permet de découvrir
6 inédits ou lives d'époque...
Le second "Wig
out at Denko's" sorti en 87 toujours sur Dischord voit les départs
du chanteur Dave Smalley (ex DYS, qui jouera par la suite dans All et
Down By Law) et de Roger Marbury, pour l'arrivée de Peter Cortner,
et de Doug Carrion. Et là, ce qui aurait pu être un coup
dur s'avère être une bonne chose ; il faut dire que le véritable
pilier du groupe est plutôt Brian Baker. C'est simple, il n'y a
que des tubes, des morceaux aux structures pop tels que "The godfather",
"Fall", "Wig out at Denkos", "Exercise",
aux morceaux plus énervés et plus rapides "Trying",
"Safe" (tuerie au refrain imparable), ou "Simple man"
(on voit bien quels groupes ont marqué les Burning Heads). Le son
est meilleur, le chant est plus mélodique (personnellement je préfére
avec ce chanteur), Brian Baker s'impose comme un excellent guitariste,
ce disque est superbe ! Ici, avec 7 morceaux démos ou inédits...
Après ces deux
opus, le groupe s'égare, Colin Sears quitte le groupe ; la personnalité
du groupe reste inchangée mais des plans new wave ou hard rock
(les solos de guitares sont de plus en plus présents) pointent
le bout de leurs nez sur ce "Field day" (88 - Giant Records).
Enfin, ce n'est pas si mauvais, si on zappe les ballades de mauvais goût,
et si on arrive à supporter la production de l'époque
Le groupe se sépare... Quatre ans après, le groupe se reforme
avec le line-up du 1er album. "Four on the floor" (92 - Epitaph)
ne m'a pas laissé un souvenir incroyable
mais le son était
redevenu plus dur. Chacun s'occupe comme il peut, Down By Law plait beaucoup,
Brian Baker rejoint Bad Religion après avoir fait Junkyard, et
Colin Sears jouera dans Alloy, Down By Law et The Marshes.
Dix ans après
Incroyable, Le line-up du premier album se reforme à nouveau !
Ce nouvel album est un événement dans le milieu punk / hardcore,
Revelation records a sauté sur l'occasion, il faut dire que ces
temps-ci le label n'avait pas grand-chose d'intéressant
L'album
part sur les chapeaux de roues, dès "Ghosts" on retrouve
tout le charme du quatuor, vitesse, énergie, mélodies pop,
arpèges de guitares fins à la Hüsker Dü (les fans
comprendront ce que je veux dire par là), et le son est énorme
sans faire trop grosse production américaine, encore une fois Don
Zientara (Fugazi, Jawbox, Q And Not U, Kerosene 454,...) aux manettes
aidé de Brian Baker et Steve Hansgen. Dave Smalley est au meilleur
de sa forme avec cette voix si particulière, puissante et mélodique.
"Bottle" nous ramène directement à "Safe",
l'hymne de "Wig out at Denkos", avec son riff efficace et son
refrain entêtant. Et "Incinerate", waahh ! La bombe !
Les morceaux se suivent tels des tubes, et on tape du pied en bougeant
la tête ! Putain, qu'est ce que c'est bon ! Une bonne leçon
pour les soi-disant punks qui passent sur MTV ! Certains trouveront que
finalement ça sonne un peu comme du Down By Law mélangé
à du Bad Religion avec le son de Dag Nasty, c'est vrai (et quelque
part un peu normal, non ?), mais honnêtement si DBL et BR sonnaient
comme ça, j'aurais tous leurs albums, et ce n'est pas le cas (loin
de là !), c'est beaucoup moins "propre", moins calibré
Une surprise de taille, en morceau caché, une reprise du "100
punks" de Generation X, la classe ! Une dernière chose, je
tiens à dire qu'il y'avait bien longtemps qu'un album d'hardcore/punk
mélodique ne m'avait pas plus autant, maintenant à vous
de voir.
[Greg]
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Voir aussi : Down By Law, Bad Religion, Burning Heads, Circle Jerks, Minor
Threat
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MICHAEL
NACE "The voyage out"
(Minority rds - 12 titres)
Ancien membre de Drill For Absentee, trio math-rock de Philadelphie, Michael
Nace revient aujourd'hui en solo, sur le label Tchèque Minority
records, avec un album aussi merveilleux que surprenant. Si l'album a
été enregistré et produit par Geoff Turner (à
l'origine de la scène de DC et actuel membre de New Wet Kojak),
si le batteur de Shudder to Think vient prêter main-forte à
son ami, ou si un titre se nomme "Timestorm was the Signal"
en hommage au groupe noise tchèque Waawe, ne vous y méprenez
pas, ce "Voyage Out" est un pur moment de pop-folk ! Mais quelle
classe ! Que les compositions soient épurées autour d'une
guitare acoustique, d'une légère batterie et d'une voix,
ou qu'elles soient arrangées avec des violons ou un orchestre symphonique,
elles possèdent toutes ce qu'il faut pour vous emporter là
où elles le doivent. Michael Nace aurait pu sortir cet album dans
les années 70 sans avoir honte. On retrouve la force de composition
des travaux acoustiques de Led Zeppelin, l'émotion d'un Syd Barett,
la délicatesse de Simon and Garfunkel
L'homme semble avoir
la même approche de la musique pop, tout en douceur, mais avec une
force émotive à faire décoller un éléphant
sans champignons hallucinogènes. Alors c'est vrai qu'on a parfois
l'impression d'une certaine bien séance naïve, mais peu importe,
cet album rend hommage aux meilleurs songwriters des années 60
et 70. Et à l'écoute du dernier album de Beck, je peux vous
dire que certains feraient bien d'en prendre de la graine.
[mg]
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Voir aussi : Syd Barett, Pink Floyd, Shudder To Think, Led Zeppelin
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YANN
TIERSEN "C'était ici"
(Ici d'ailleurs/Labels)
Un concert, c'est fait pour être vu, ressenti, vécu : on
est d'accord. Écouter un concert chez soi, c'est comme regarder
une pièce de théâtre à la télé
: il manque quelque chose. Ceci étant dit, on a tous déjà
ressenti la frustration des lendemains d'extraordinaires concerts : l'envie
de faire prolonger le plaisir, de garder plus que des souvenirs tout en
étant conscients que c'est le côté éphémère
du concert qui fait la beauté de la chose. Alors pour ceux qui
ne captent pas trop le concept de beauté de l'éphémère,
Yann Tiersen sort ce double live enregistré lors de différents
concerts de sa dernière tournée. Même si Yann Tiersen,
à cause de sa timidité et de son introversion, n'est pas
une bête de scène, dés qu'il se met à jouer,
ça devient magique ! Et cet enregistrement retranscrit bien la
fragilité, la mélancolie et quelque part le mal de vivre
de sa musique. En plus, je trouve que les arrangements y sont bien plus
naturels et cohérents que sur "L'absente", son dernier
album studio, alors....
[Sullivan]
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KABU
KI BUDDAH "life is a movie"
(SK Records - 9 titres)
Le kabuki est un être étrange et bizarre. Peut-être
parce que, même adulte, il continue à vivre dans le monde
fantastique de ses cartoons préférés et des pages
de Jeune et Jolie. Le kabuki se nourrit uniquement d'un certain caramel
dur dont il tire son sens de l'humour qui colle aux dents. Vêtu
d'un jogging noir certes très seyant mais quelque peu démodé,
il aime gesticuler sur toutes formes de musique qui sautille et qui gueule.
Cacherait-il donc une âme de punk rebelle ? Mais pourquoi alors
déteste-t-il la guitare au point de la bannir de son univers musical
? Toujours sur la corde raide, le no guitar hero trio préfère
malmener sa basse, son synthé, son violoncelle et son trombone
car différent le kabuki restera ! Mais ne craignez rien, son langage
est parfaitement accessible et compréhensible
il est même,
de par ses mélodies, très communicatif et festif. Champion
du détournement systématique, intenable et joueur, il est
aussi offensif qu'un Pierre Richard en action. Alors si vous ne voulez
pas en adopter un, devenez-vous aussi l'espace d'un instant ou pour toute
la vie un kabuki ! Vous ne le regretterez pas ! Votre visage deviendra
sourire ! Comme eux, il vous sera permis de profiter des joies de la vie
sans souci. Merci les kabuki !
[chRis A]
>>
Voir aussi : The Ex, Dog Faced Hermans
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NOVÖ
"Documents sonores"
(4 titres - autoproduction)
Novö prouve dès son premier 4 titres qu'il manie à
merveille le mélange. Le duo (deux guitaristes + clavier et samples)
marie assez agréablement les rythmiques electros recherchées
(aux sons presque indus) et une composition pop qui ne renie pas les guitares.
Il en va de même pour les ambiances, aussi bien fragiles sur 'Trauma'
et 'Document Sonore' qu'angoissantes et brutales sur 'Drip' et 'Dart'.
Si on pense obligatoirement à l'univers qui a fait le succès
du dernier album de Notwist, les toulousains de novö se démarquent
avec une approche sans doute plus brute, et des montées bruyantes
rappelant Hint sur 'Drip' ou 'Dart'. Au final, novö démontre
toutes ses possibilités, que cela soit dans la programmation de
son électronique, que dans la maturité de composition. Et
pour ne rien gâcher, son ouverture sonore (allant de la noise à
l'electro-pop) reste bien homogène, et nous ne pouvons qu'apprécier
Un groupe qu'on voit bien prendre, après quelques petits réglages
habituels, le même chemin que Purr à l'époque.
[mg]
>>
Voir aussi : The Notwist, Purr, Hint, Nine Inch Nail
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BOTANICA
"With All Seven Fingers"
(Al!ve - 14 titres)
Si je vous dis que Botanica est le nouveau groupe de Paul Wallfisch, vous
ne lèverez sans doute pas le moindre sourcil. Mais si je vous dis
que Paul Wallfisch, en plus d'être le clavier de Firewater, a également
joué avec Stiv Bators, Syl Sylvain, Love & Rockets et... Jad
Wio (si, si) et que des gens comme Kid Congo Powers (ex-guitariste de
Gun Club, Cramps, Nick Cave and The Bad Seeds), Daniel Ash, David Sims
(ex-bassiste de Jesus Lizard), ainsi que des ex-Cop Shoot Cop et Helmet,
ont participé de façon plus ou moins ponctuelle à
son nouveau projet (dont c'est là le deuxième album), tout
de suite, ça risque de vous réveiller. Ambiances lourdes
et sombres mais jamais misérabilistes ("Complicated Life",
"Amsterdam", "Power", le superbe "Diseases"),
voire carrément jouasses ("Pray", nettement plus rock,
ou "In the Papers" qui flirte dangereusement avec Divine Comedy),
songwriting imparable ("Dirty Little Need", morceau de l'année
haut la main), Botanica signe ici un véritable chef d'uvre
qui renvoie directement au meilleur de Tom Waits, Nick Cave et Sixteen
Horsepower. "With all sevens fingers" rappelle même "Worst
Case Scenario", le premier album de dEUS (pour l'ambiance générale
et pour ce côté homogène et complètement hétérogène
à la fois, plus que pour la musique à proprement parler),
la touche new-yorkaise en plus (la vraie celle de gens qui ont
traîné avec les survivants des New York Dolls et qui savent
mieux que personne mettre en musique les errances nocturnes douteuses
pas celle des Strokes !). Sorti uniquement en Europe (le groupe
ne joue quasiment jamais en dehors de New York mais fait en moyenne deux
tournées européennes par an) et sans la moindre promotion
(mais avec une distribution plus que correcte qui vous permettra de le
trouver sans trop de difficultés) "With All Seven Fingers"
est le secret le plus précieux de l'année, mais aussi, et
c'est assez logique, le mieux gardé. Vous savez donc ce qu'il vous
reste à faire.
[Jimmy]
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Voir aussi : Nick Cave & The Bad Seeds, Tom Waits, Gallon Drunk, Crime
And The City Solution, Sixteen Horsepower, Theo Hakola
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Pour être chroniqué dans cette rubrique, envoyez vos productions
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>> If you want to be reviewed here, send your promotionnal stuff
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>> Mathieu
Gélézeau & Natasha Herzock
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51, rue Paul Vaillant Couturier - 92240 Malakoff - France
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positiverage@hotmail.com
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