TEN GRAND "This is the way to rule"
(Southern – 10 titres)
Dès le premier morceau de cet album, l'auditeur sera plongé dans l'univers chaotique de ces quatre excités originaires d'Iowa. Une boule de nerf émotionnelle aussi attirante qu'épuisante ! Ten Grand nous balance là un album très intense qui nous rappelle, dès les premières notes, l'énergie complexe de certains groupes explosifs comme Circus Lupus, Nation of Ulysses ou VSS. La voix, qui sort chaque phrase comme si c'était sa dernière, peut rapidement essouffler l'auditeur, mais donne en même temps toute la personnalité de ce groupe. Et la petite touche à la Guy Picciotto de Fugazi n'est pas pour me déplaire (tout comme celle à la Ian Svenonious de Nation Of Ulysses). Sur ce premier album chez Southern records, Ten Grand garde la tension du début à la fin de ces 10 titres… Pas moyen de redescendre. Vous serez bousculés par chacune de ses 10 bombes. Il n'y a peut-être que "wedding song for steve and angie" qui revient bercer l'auditeur avec une musique très proche de Monochrome. Mais dès que Davis Matthew reprend le chant, impossible de se poser. Pourtant, Ten Grand n'est pas pour autant un de ces combattants punk-hardcore à l'énergie violente et binaire ; Ten Grand offre une musique riche et complexe (excellentes guitares par exemple). Son énergie vient de sa démence, pas de son agressivité. On navigue bien dans ce qui a fait de la noise une scène créative et innovante au début des années 90… Et ceux qui prendront la peine de rentrer dans ce disque découvriront de réelles merveilles. Dommage que tout l'album ne soit pas du même acabit, et qu'il y ait quelques passages en trop, sans quoi ce disque serait devenu une référence rapidement !
[mg]

>> Voir aussi : Circus Lupus, VSS, Nation Of Ulysses

 

 

 

www.poney-club.org

PONEY CLUB "a six stock speeches"
(autoproduction - 6 titres)
Les six histoires de Poney Club sont toutes à l'origine des bourgeons. Fragiles mais gorgés de promesses. Elles naissent d'une base mélodique simple mais essentielle. Sous un soleil radieux mais patient, les bourgeons se nourrissent progressivement de la clarté des idées, de la générosité des espaces, de la finesse du souffle pour fleurir en toute liberté et exploser de toute beauté. L'épanouissement est un ravissement pour les amoureux de sensations subtiles. L'Empereur Godspeed et consorts font parfois de l'ombre aux jeunes pousses mais ces derniers savent trouver leur propre source de chaleur. Cette lumière indispensable qui fait toute la différence. Au son des cloches, au souffle du vent, au bourdonnement des abeilles, la vie émerge et éclate tout au long de ces trente minutes. Pas besoin de parasiter d'une voix (excepté sur 'I know that you know') ces mélodies sur lesquelles une instrumentation riche s'exprime déjà avec aisance et sans prétention. L'ensemble est parfaitement homogène et il respire une sincérité tres touchante. L'automne ne devrait pas abîmer la force naturelle de ces chansons. N'attendez pas le roulement des saisons… Poney Club ou la résine d'un grand espoir français.
(chRisA)

>> Voir aussi: Godspeed You Black Emperor, Tortoise

 

UI "Answers"
(Southern – 13 titres)
Quel plaisir de retrouver les talentueux UI ! Notre dernier souvenir date de 1999, date de leur dernier EP "The Iron Apple". Le groupe nous avait d'ailleurs, à l'époque, plutôt déçus avec 5 titres plus expérimentaux et plus électroniques qui semblaient avoir perdu tout le groove qui faisait la réputation du groupe. Car UI, pour ceux qui seraient passés à côté, c'est avant tout deux basses omniprésentes au groove imparable et une batterie syncopée tout aussi envoûtante ; le reste (guitare, claviers…) n'existe que pour agrémenter cette base. Étrangement, ces gars sont toujours passés à côté du succès. Leur talent et leur groove unique leur a permis d'être demandé par Tortoise, de partager une tournée et un disque avec Stereolab (sous le nom Uilab), d'enregistrer une Peel Session, mais jamais de vraiment percer ! Bref, c'est avec une grande émotion que j'ai mis ce nouvel album dans le lecteur. Est-ce que l'arrivée de Erik Sanko (qui a joué avec Lounge lizard ou John Cale) leur a redonné le groove et la magie d'antan ? La réponse est oui. Et même si l'album ouvre avec un excellent "back up" basé, pour contrarier, sur le jeu de guitare (superbe ceci dit), ce sont bien nos UI préférés que nous retrouvons. Et dès le deuxième titre, les repères des habitués reviendront. Ce mélange si personnel de noise, de groove, peut-être même de post-rock, ces rythmes si particuliers et ce dépouillement si efficace… UI est enfin de retour. Le groove se glisse partout, dans les plans minimalistes du duo basse/batterie, dans la guitare plus présente que d'habitude, dans les nombreuses apparitions de claviers, bref, impossible de rester sur sa chaise tant l'invitation à la danse est tentante. Et pourtant, UI reste un groupe intello, complexe et sans cesse à la recherche d'une nouvelle expérimentation… Mais que voulez-vous, certains savent y faire. Tortoise devraient en prendre de la graine !
[mg]

 

www.pinback.com

PINBACK "offcell"
(Touch'nGo – 5 titres)
Leur précédent et deuxième album, "Blue Screen Life", avait placé la barre très haute en matière de pop personnelle et mélancolique. Du coup, beaucoup attendaient d'entendre la suite, et leur passage chez Touch'nGo n'a fait qu'augmenter le phénomène. L'attente était si forte que nous ne pouvions être comblés, et ce nouveau 5 titres a beau être excellent, il ne pourra faire l'effet de "Blue Screen Life"… Pourtant ces ex-Three mile Pilot nous livrent à nouveau 5 compositions parfaites, à la beauté cristalline, et aux mélodies vocales grandioses, mais malheureusement, nous n'y trouverons guère de nouveauté. Certes, le duo apporte un peu plus d'expérimentation à sa musique, plus d'étirement, légèrement plus de dérives sur ordinateur, mais le génie qui fait de ces chansons des hymnes romantiques reste identique à celui qui donna tant de force au précédent album. Alors ne boudons pas notre plaisir, je suis moi-même déjà amoureux de cette nouvelle livraison, mais quelque part, j'aurais aimé être plus surpris. "b" et "Grey machine" laissent bien espérer de nouvelles orientations pour le prochain album sans pour autant tout chambouler… Enfin, une chose demeure : Pinback reste un groupe à part, possédant le génie des grands, offrant une musique simple et sublimement créative, touchant le cœur autant que l'esprit, et même sans nouveauté, ce disque tournera à nouveau de nombreuses fois dans mon lecteur CD…
[mg]

>> Voir aussi : Three Mile Pilot

 

www.gravityslaves.com

GRAVITY SLAVES "Choice"
(autoproduction – 14 titres)
Voilà un bout de temps que ce groupe d'Orléans gravite dans le milieu indépendant, et pourtant, ce n'est que huit ans après sa formation en 1995 que les Gravity Slaves sortent aujourd'hui leur premier album. Parti d'un hardcore mélodique, le groupe a dorénavant trouvé sa voie dans une musique ultra énergique et résolument émotionnelle. Un de leur titre se nomme "Brooklin DC" et résume assez bien la situation. La base vient bien du hardcore avec toute son énergie et son adrénaline mais les mélodies n'hésitent pas à flirter avec Fugazi de temps à autre. Les compos sont parfaitement ficelées et nous plongent directement dans l'époque où les groupes hardcore évoluaient vers des choses plus tendues, plus noise et moins binaires. Ça braille et ça bastonne, peut-être un peu trop constamment, mais on est loin du groupe basique et bourrin. Gravity Slaves a réussi à injecter un peu de finesse dans son hardcore. Le résultat, joliment exécuté ne pourra apporter que du bonheur à tous ceux qui regrettent cette époque de transition où les groupes mélangeaient la furie punk-hardcore et une recherche plus noise. Faut-il encore apprécier les éléments hardcore new-yorkais, et ce n'est pas gagné pour tout le monde !
[mg]

Radio 4 "Electricity"
(7 titres+ bonus vidéo - City Slang)
Voir débouler ce mini album de remixes n'est pas franchement surprenant tant la musique de Radio 4 s'y prête. On sait l'attachement du groupe à impulser un peu plus de fun dans le punk-rock et à faire danser. Ces remixes poussent donc, quelque part, le projet jusqu'au bout : ils conservent les guitares funky et les basses groovys de "Start A fire" ou "Dance To The Underground" tout en faisant prendre un chemin plus électro voire techno à ces morceaux, pour un résultat très intéressant.
En plus, Radio 4 a eu la très bonne idée d'ajouter deux très bons nouveaux morceaux ainsi que la vidéo de "Dance To The Underground" aux 5 remixs. De quoi patienter jusqu'au prochain album !
[sullivan]

Voilà, la musique de radio 4 (du moins un de ces remixes) agrémente la nouvelle pub Coca Cola, le label sort des 7 titres de remixes sans grand intérêt, puisque complètement tourné vers le dancefloor classique… Voilà, tout cela fera peut-être patienter certains mais risque de faire définitivement décrocher les autres !
[mg]

 

MELATONINE "les environnements principaux"
(Unique rds – 11 titres)
La mélatonine est un de ses médicaments "miracles" prônés par l'industrie pharmaceutique… L'intro, typiquement post-rock de ce disque nous le rappelle avec la seule voix de l'album (sample d'un texte sur la mélatonine). Alors que voulait symboliquement faire passer ce groupe avec un tel patronyme ? Une chose est sûre, le trio ne se morfond pas dans une musique trop abstraite et s'envole dès le deuxième morceau vers des contrées plus bruyantes, entre les envolées de Mogwaï et une petite touche à la Fugazi (période actuelle). Durant toute la durée de l'album, le groupe enchaînera morceaux dépouillés, arpèges de guitare en avant, et titres noisy enrobés de nappes de guitare saturée. On sent bien l'évolution de ce groupe qui semble, comme à l'époque du "Spiderland" de Slint, venir d'un monde plus noise, comme le prouvent certains passages plus lâchés, et se positionne dorénavant comme un groupe post-rock (à moins que ce ne soit l'inverse!). Heureusement, l'ensemble est inspiré et Mélatonine ne se perd pas dans des recherches hasardeuses. C'est surtout la guitare qui dirige l'auditeur, alors que la basse manque d'un peu de groove pour un style qui permet souvent une grande liberté. On regrettera aussi l'absence de chant qui devient un peu trop systématique dans le milieu et qui retire une dimension au groupe. Cependant, le groupe gagne des points en trouvant un bon équilibre entre les deux univers qu'il partage… Les petites touches Fugaziennes (comme sur "la veille") réveillent comme il se doit l'auditeur avant de le laisser replonger dans ses songes. Et la petite touche pop des mélodies rassure, ce qui n'est pas un mal. Au final, Melatonine offre ici un premier album parfaitement ficelé dont il peut être fier, et qui lui laisse tout de même une marge de progression pour le prochain. Position idéale pour un groupe, non ?
[mg]

>> Voir aussi : Slint, Mogwaï, Tortoise, Fugazi, Room 204

 

THE CONSTANTINES "Shine a light"
(Sub Pop - 12 titres)
C'est marrant la vie. Ce groupe canadien (qui cartonne sur ses terres) m'était totalement inconnu ce dimanche matin au petit-déjeuner. Une chronique croustillante entre un toast et une gorgée de thé à la mangue. Une écoute intense dans le magasin du coin l'après-midi et le cd s'installait sur ma platine le soir. Je vous assure qu'il n'en a pas bougé de toute la semaine. Est-ce le signe d'un grand album ? Disons qu'il y a deux parties distinctes. Une excellente. L'autre plus anodine. L'album ouvre sur un punk rock furieux, tendance Hot Snakes, poussé par une grosse basse. Plage 2 : les guitares se font plus subtiles. Elles semblent se parler et l'émotion est toujours là, servie par une voix à mi-chemin entre Joe Cocker, Joe Strummer et Mark Lanegan. La suite est un enchaînement de morceaux assez différents les uns des autres. Des vibrations soul. Des accents jazzy et cette basse toujours là pour donner une touche groovy. Les compositions sont très bien travaillées avec tous les détails qui font la différence. Une vraie réussite pour cet antidote à l'ennui. Passe le sixième titre, on sent une cassure. L'effervescence manque subitement de bulles pour vraiment piquer les yeux. Chansons plus simples pour un retour à une certaine normalité. On est loin tout de même du mauvais goût. Peut-être suis-je un peu dur car le cd n'a pas encore eu l'occasion de revoir son pote le boîtier. Vous vouliez un peu de fraîcheur, elle vous vient de Toronto… (chRisA)

>> Voir aussi: Fugazi, The Clash, Hot Snakes

 

www.odetteprod.com

MARIA BLONDE "Hearts always bleed"
(Odette prod. / 6 titres)
Difficile de passer à côté de ce 6 titres tant la promotion, chez les fanzines et autres webzines, a été imposante ! Le label croit en son poulain plus que jamais… Et c'est vrai qu'avec ce 6 titres, les bordelais de Maria blonde ont atteint un certain niveau. La musique est très au point et dévoile beaucoup de sensibilité, tout en gardant les deux pieds bien encrés dans une scène typiquement indépendante. J'ai un peu plus de mal avec le chant… surtout dans certaines montées trop limites (je sais, c'est typique de l'émo, mais ici, cela ne me convainc pas vraiment), ou quand il devient trop lisse, mais c'est aussi le reproche que je ferais à des groupes comme Mineral, qu'ils citent en influence. C'est dommage car certains passages montrent un chant que je trouve plus réussi, et un simple tri aurait convenu. La musique aurait peut-être mérité plus, car certains passages instrumentaux prennent une autre dimension. Parfois, cela devient superbe. Maria Blonde joue entre les parties calmes et les explosions de rage, comme beaucoup, mais le fait bien, avec des parties posées vraiment prenantes et des refrains explosifs, plus classiques mais efficaces. On sent que le groupe puise autant dans l'indie-pop (beaucoup) que dans le hardcore screamo (un peu), ce qui ne peut qu'enrichir sa musique. Au final, le résultat sait autant nous séduire que nous décevoir, et le groupe aurait peut-être mérité un disque de plus avant de lancer la grande cavalerie. En attendant, ce "Heart Always Bleed" demeure un bon 6 titres qui confirme la direction prise par Maria Blonde et qui devrait séduire sans trop de problème les amateurs de Mineral ou de labels comme Deep Elm.
[mg]

>> Voir aussi : Mineral

 

FROM ASHES RISE "Nightmares"
(12 titres-Jade Tree)
On connait l'ecléctisme du label américain Jade Tree et pourtant la présence de From Ashes Rise dans leur écurie a de quoi surprendre! Car ce groupe fait dans le lourd. Dans le lourd qui agresse les oreilles. Son hardcore trouve son équilibre entre un punk-rock souvent speed et un hardcore chaotique hurlé à la Botch. On sent que le groupe a à coeur de varier les ambiances et les rythmes. Et l'effort est d'ailleurs louable et la démarche intéressante même si le genre en lui-même ne m'émeut pas beaucoup. En fait, je trouve que ce chant hurlé empêche d'apprécier certains bons passages.
[sullivan]

>> Voir aussi : Botch

 

 

www.31knots.com

31KNOTS "It was high time to escape"
(54°40 or Fight – 10 titres)
31 Knots fait partie de ces groupes à la créativité débordante qui ne peuvent qu'imposer le respect. Après un changement de batteur, le trio de Portland revient avec son troisième album chez 54°40 or Fight, et le résultat ne peut, comme à leur habitude, que déstabiliser. Certains trouveront sans doute la démarche du trio trop farfelue, leur musique trop complexe, ou certaines parties trop maniérées, mais si tout cela ne vous effraie pas, 31Knots vous réserve quelques perles irrésistibles ! Un pied encré dans les années 70 et le rock progressif, l'autre dans la noise d'aujourd'hui, et les deux mains dans la pop, le groupe joue avec les mélodies et les harmonies avec beaucoup d'habileté. Les amateurs de King Crimson ou de Yes pourront y retrouver une démarche, les fans de Don Caballero y découvriront des éléments communs, ceux de Fugazi une certaine sensibilité, ceux de Polvo une instabilité, ceux de Pinback une douceur, bref, 31Knots peut autant rebuter tout le monde que toucher tout le monde. Une chose est sûre : le groupe donne sans compter, sans limites, n'hésitant pas en faire trop. On navigue presque dans un opéra mathrock qui reste à la portée de tous. Une espèce de "Quadrophénia" sauce 31Knots ! C'est fin et excentrique, pop et psychédélique, riche et beau ! Et pourtant je peux vous dire que quand le groupe veut que ça rock, ça rock ! Écoutez moi le refrain de "at peace", un réel bonheur ! Bon, après, avec une telle générosité, et un amour aussi prenant pour les années 70, 31Knots ne pouvaient pas éviter certains plans trop longs ou des titres tout simplement moins bons, ni même certaines lignes vocales trop maniérées, mais tant pis, c'est le jeu. Au moins, l'album est riche, généreux et original, et tant pis pour le reste…
[mg]

 

THE APPLESEED CAST "two conversations"
(Tiger Style Records - 10 titres)
Fin de parcours avec Deep Elm Records. 5 albums au compteur et nouveau départ sur un label new-yorkais qui héberge entre autres Mercury Program. Ce quintet originaire de Californie n'a pas changé grand chose à sa musique mais il revient à quelque chose de plus direct et de plus simple, un peu comme sur l'excellent Mare Vitalis. Finies les expérimentations contemplatives des deux volumes de Low Level Owl, ce nouvel album est plus instinctif. Il possède aussi cette classe qui fait le charme de leurs histoires sonores. Mais parfois ça sonne comme du réchauffé. C'est bon, beau, bien fait, mais on a l'impression de connaître déjà les ficelles. Toujours sous la houlette d'Ed Rose, The ASC confirme leur talent pour confectionner et sculpter en profondeur des mélodies touchantes. Malgré tout ça, j'ai pu sentir une certaine naïveté dans l'écriture de certains morceaux. Syndrome d'un certain manque d'inspiration ? Pour les avoir vus récemment, je regrette que le groupe n'insuffle pas sur cd l'intensité et l'émotion qu'il dégage sur scène. The ASC reste toujours inconnu en France, mais leur indie-rock mérite bien encore une séance de rattrapage. (chRisA)

>> Voir aussi: Last Days of April, Billy, Benton Falls, Logh

 

contact : summerfactory@yahoo.fr
album dispo uniquement en 33t a : disquesdui@yahoo.fr

SUMMER FACTORY "a bad workman blames his tools"
(les disques du i – 8 titres)
Voilà une entreprise où il semble faire bon vivre. Avec une touche foncièrement sixties (mais toujours en arrière plan), le groupe bordelais (originaire de Lille) brouille les cartes, triture les instruments, et touche à tout, mais arrive définitivement, et ne me demandez pas pourquoi, à me convaincre. Après un premier morceau qui sent bon le soleil et l'influence surf (une espèce de noise bizarroïde croisée avec les Cramps et Man or Astroman? ; esprit qu'on retrouvera aussi en fin de disque), Summer Factory dévoile son jeu : des chansons plus pop, mélodiques à souhait, guitare acoustique à l'appui, avec toujours cet aspect bricolo et ce rayon de soleil pour donner le ton. Mais attention, pas de niaiseries british ou de refrains radiophoniques. Il existe dans les chansons du groupe cette liberté sixties, qui les rapproche du Velvet Underground, et sans aucun doute une dérision assez convaincante. Et les petites incursions de clavier sont toujours du meilleur effet. Alors c'est vrai que le groupe se rapproche parfois dangereusement de certaines facilités, mais, allez savoir pourquoi, là où beaucoup se serraient brûlés les ailes, ceux-là s'en sortent avec les honneurs ! Je ne suis vraiment pas fan de la batterie, mais la guitare est suffisamment créative pour relever les morceaux, et le chant tient parfaitement son rôle de meneur de jeu. Pas de problème, voici un joli vinyle frais comme il faut, mélodique comme on aime et rock quand il faut, qui trouvera une place de choix dans la discothèque.
[mg]

 

GATECHIEN "rue de Gâtechien"
(autoproduction – 6 titres)
Gâtechien est le résultat de la rencontre de Laurent Paradot (bassiste d'Headcases) et de Florian Belaud (batteur de Gina Artworth). Et à l'écoute de ce premier 6 titre, le duo montre de grandes capacités en matière de noise. Les lignes de basses sont excellentes, tout comme la batterie qui la suit. Les ambiances musicales qu'ils créent sentent bon le Fugazi et le Unwound… Malheureusement, les chants/cris qu'ils essaient de jeter excentriquement sur la musique exaspèrent ! C'est dommage vu la musique, et sa teneur émotionnelle. On aurait bien vu un vrai chanteur finaliser le tout au lieu de ce délire vocal peu convaincant. Reste la musique, qui laisse envisager d'excellentes choses pour la suite, si le groupe se met à travailler un peu plus pour éliminer les quelques approximations de ces 6 titres. Personnellement, j'aurais même tendance à attendre une guitare pour que les compos s'envolent vraiment, mais je comprends bien que leur recherche se trouve ailleurs. Une chose est sûre, les deux musiciens excellent dans leur domaine et semblent s'être découvert une réelle complicité. Espérons qu'ils arrivent au final à partager cette même fraternité avec un chanteur (ou guitariste/chanteur !), qui offrirait une nouvelle dimension au groupe, à qui je ne donnerai alors pas longtemps pour exploser !
[mg]

>> Voir aussi : Fugazi, Unwound, Sabot

 

 

 

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Mathieu Gélézeau & Natasha Herzock
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