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DOPPLER
"Sin Nihil Aliud"
(Aere Alieno - 6 titres)
7 ans après leur formation, ces lyonnais, dont le nom est déjà
bien implanté dans le milieu noise, sortent enfin leur premier
album. Et cela valait le coup d'attendre ! Sorti sur leur propre label,
grâce à l'aide de Jarring Effect, le groupe n'a jamais pondu
un disque si abouti. Énorme déferlante noise qui engloutit
tout sur son passage. Derrière un superbe son, les guitares vous
maltraitent avec sadisme tandis que le basse-batterie enfonce le clou
avec rigueur et frénésie… N'y pensez même pas,
les Doppler ne vous laisseront aucun répit ; pas la moindre de
chance de reprendre votre souffle ! Moins lourds que leur cousin de Sleeppers,
les lyonnais laissent ces derniers loin derrière grâce à
une agilité que les bordelais ont du mal à retrouver. Si
les bases musicales semblaient proche avec ce même amour de la distorsion
(sur la guitare, les voix…) et cette approche psychopathe de la
musique, Doppler préfèrent courir quand leurs cousins traînent
la patte. Le groupe séduit avec un son plus clair, des rythmes
plus fous, et des claques noise plus virevoltantes. Avec ces petits plans
plus ambiants, et ces guitares étrangement menaçantes ce
disques rappelle bien leurs prédécesseurs lyonnais de Deity
Guns, maîtres incontestés du genre. Le trio nous livre donc
là un album superbement foutu, peut-être un poil trop étouffant
pour l'écouter d'une traite, mais qui place définitivement
Doppler en haut de l'affiche, du moins pour tout amateur de noise saturée.
Lyon ne vous épargnera pas !
[mg]
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Voir aussi : Sleeppers, Deity Guns, Jesus Lizard
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THE
BLACK OX ORCHESTAR "ver tanzt?"
(constellation)
Créé en 1999, ce collectif typique du label Constellation
(avec des membres de GSYBE, A Silver Mt Zion ou Frankie Sparo) sort aujourd'hui
son premier album. Cet album s'inscrit dans une logique suivie par le
groupe depuis sa création : un engagement dans le problème
Israelo-Palestinien d'une manière originale et intéressante.
En effet, derrière un engagement politique clair dénonçant
l'occupation des territoires palestiniens par Israel, et pour une alliance
arabo-palestinienne, le groupe, dont les membres sont principalement d'origine
juive, s'exprime à travers une variante personnelle de Klezmer,
musique juive traditionnelle de l'Est, le tout chanté, comme il
se doit en Yiddish. La démarche montre une grande ouverture que
nous ne pouvons que saluer. Ensuite, musicalement, le mélange Klezmer
à la sauce Constellation, avec ses éléments free-jazz
et ambiant, voire quelques gouttes de musiques des Balkans, est une réussite
(malgré quelques longueurs). Comment résister à la
force émotionnelle de la musique Klezmer ? Cette mélancolie
qui garde une force joyeuse en elle. Si le groupe n'utilise que l'aspect
le plus sombre de cette tradition, ne conservant que d'exceptionnels passages
dansants, il arrive à véhiculer une émotion touchante
que le chant en Yiddish, d'une grande tristesse, accentue merveilleusement.
Une musique qui doit prendre tout son sens quand elle est jouée
dans les territoires occupés, ce que fait régulièrement
le groupe, mais qui ne se fera pas prier pour envoûter votre charmant
deux pièces français. Une belle et sombre découverte
qui casse un peu la monotonie des dernières sorties Constellation…
[mg]
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DESPISTADO
"The Emergency Response"
(jade tree - 6 titres)
Le Saskatchewan est une province canadienne reculée qui ressemble
un peu aux décors de "Fargo", ville qui donne son nom
à cet excellent film des frères Coen. Les hivers y sont
très longs et rigoureux. Alors il y a deux solutions : hiberner
ou s'occuper… C'est la deuxième alternative qu'ont retenue
ces quatre lascars en créant Despistado il y a trois ans. Ce ep
est le premier témoignage du groupe, ce qui explique que ces 6
titres démontrent autant de fraicheur, de hargne, d'envie de jouer.
Leur punk-rock rappelle At The Drive In, notamment le travail des deux
voix et le jeu des guitares, l'insouciance en plus. Despistado semble
en effet envoyer les morceaux sans rien calculer, sans se soucier de rien
d'autre que leur plaisir de créér. Et tant pis si des morceaux
comme "Hifi Stereo" peuvent surprendre de prime abord. Le son
est à leur image : simple, brut, sans fioritures… à
tel point que la rythmique fait parfois un peu lo-fi.
Un album est annoncé pour la rentrée 2004. Espérons
que ce groupe saura garder cette fraicheur, cette fragilité qui
rendent ses compositions touchantes.
[sullivan]
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Voir aussi : At The Drive In
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HOPPER
"A Tea with D"
(ethylen rds)
Et bien, le moins que l'on puisse dire est que ce groupe mixte de région
parisienne a bien fait les choses ! Et ce premier album, enregistré
au Black Box, risque d'ouvrir des portes à ces jeunes gens. Hopper
livre une indie pop radiophonique basée sur deux voix féminines
à faire saliver les producteurs ! En effet, rares sont les jeunes
formations à posséder tant d'assurances vocales ; les voix
de Dorothée (plus rauque) et d'Aurélia (plus claire) portent
à elles seules ce disque : accent parfait, belles mélodies,
assurance, charisme, croisement rauque/clair (rock/pop) intéressant,
tout y est. La musique n'est là que pour soutenir, mais le fait
joliment, sans s'endormir ; on sent d'ailleurs que derrière ses
apparences séduisantes, le groupe cache une rage qui ne demande
qu'à éclore un peu plus (quoique certains passages agressent
déjà bien le tympan !). Malheureusement, si le basse batterie
tient bien son rôle avec quelques sonorités post-rock agréables,
j'aurais aimé des guitares plus inspirées ; du coup, je
me replonge à nouveau dans les chants, véritables prouesses
de ce disque. Maintenant, que les choses soient claires, Hopper joue dans
la catégorie radio. On est typiquement dans ce qui se fait chez
les majors, mais, fort heureusement, ce qui s'y fait bien, avec bon goût.
Peut-être que Hopper le fait d'une manière plus noisy, ne
s'interdisant pas quelques explosions de fureur… tant mieux. Bref,
en dehors de deux ou trois dérapages mal contrôlés
qui nous rappellent malheureusement les mélodies vocales de Alanis
Morissette, on se laisse totalement envahir par cet album qu'on serait
heureux d'entendre à la radio. Ensuite, pour vraiment se faire
une place de choix dans ma discographie, Hopper devra essayer de casser
un peu les grandes règles musicales conventionnelles aux quelles
le groupe répond encore et trouver une voie plus personnelle et
plus déstabilisante. Mais, je suis confiant au vu des efforts que
le groupe semble faire dans ce sens au niveau musical. En attendant, Hopper
possède les atouts nécessaires pour séduire les amateurs
exigeants de pop noisy à chant, et cela les met déjà
au-dessus du lot.
[mg]
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CALEXICO
"Black Heart"
(city slang - 6 titres)
Je me pose toujours la question de l'utilité de ce genre de ep.
Celui-là démontre en tout cas que la musique de Calexico
a beaucoup évolué depuis l'album éponyme sorti il
y a quelques années déjà. A tel point que sans la
voix de Joey Burns, assez inimitable, je n'aurais peut-être pas
reconnu le groupe sur le morceau qui donne son nom à cet ep. Le
quatuor de violons lui confère en effet un côté symphonique
plutôt surprenant, un peu comme si ce morceau était la bande
originale du prochain "Parrain". Touchant. Pour accompagner
ce "Black Heart" visiblement enregistré lors de la session
pour "Feast of Wire", le groupe a choisi d'inclure 5 remixes
de leurs morceaux par divers projets, plutôt réussis d'ailleurs.
Le remix de "Black Heart" par Jazzanova, aussi bon que l'original,
et le travail de GoTan project qui mélange tango et éléments
de Calexico sur "Quattro" ressortent du lot. Enfin, le groupe
n'oublie pas d'annoncer la sortie dvd d'un de leurs concerts avec un bonus
vidéo justement extrait de ce set… Tant qu'à faire…
La voilà peut-être l'utilité…
[sullivan]
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MICROFILM
"s/t"
(autoproduction - 5 titres)
La première démo de ce groupe de Poitiers a de quoi séduire
les amateurs de post-rock… Ces ex-stars de la scène poitevine
(encore) ont décidé de s'attaquer à un style pourtant
de plus en plus fade en essayant de lui sortir la tête de l'eau
; et si le groupe n'apporte pas grand chose de plus que ses prédécesseurs,
reprenant juste avec bons goûts les meilleurs ingrédients
du style, il touche grâce à une sensibilité et un
bagage technique qui permettent à la sauce de prendre. Comme le
veut le style donc, Microfilm navigue dans les eaux tumultueuses de la
musique instrumentales, agrémentées, comme le veut la tradition,
de samples de dialogues de films. Folle originalité ! Et pourtant,
on se prend complètement au jeu… la douceur de leur musique
ne tombe jamais dans le neurasthénique, gardant à l'esprit
qu'un morceau n'est jamais aussi bon que quand il peut-être dansé.
Même si la ritournelle de guitare de "Windows 77" semble
plus qu'inspirée par Blonde Redhead (voire Sonic Youth), on se
laisse encore happer. C'est doux, agréable, entraînant et,
il faut l'avouer, particulièrement joli. D'autant plus que le groupe
sait faire monter légèrement la tension quand il le faut.
Bref, nous voilà devant une production d'un classique désopilant
qui reprend tous les ingrédients du genre, mais que le bon goût
et le talent rendent particulièrement séduisante ! Et c'est
le plus important.
[mg]
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Voir aussi : Purr, A Minor Forest, Bastärd, Do make Say Think, Blonde
Redhead, Dianogah
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