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TV
ON THE RADIO
"desperate youth, blood thirsty babes"
(Touch and Go)
Des ondes. Des ondes dézonées pour des interférences
sur modulation de frissons. A l'inverse de la 'white noise' crachée
par la TV, la radio de David Sitek nous offre une 'black noise' très
mélodique qui laisse la part belle au magnifique dédoublement
des voix de Tunde Adebimpe et Kyp Malone et leurs harmonies soul gospel
('ambulance' et 'poppy'). La formation est riche de sa culture, de ses
origines et de son ouverture d'esprit qui laisse la porte entrebaillée
sur une musique atmosphériquement sombre. Empilement délicat,
couches sournoises, textures riches, guitare relayée au troisième
plan, rien n'est laissé au hasard pour surprendre et toucher en
profondeur. 'Staring at the sun', déjà présent sur
le ep 'Young Liars', s'impose comme le (mon) tube de l'album et de l'année.
Im-pa-ra-ble ! Tout comme les autres superbes titres qui manipulent
de leurs notes d'argent le meilleur du jazz, de la new wave, du post rock
et de l'electro. L'héritage punk rock de Sitek ressurgit aussi
au travers de morceaux aux paroles engagées ('the wrong way', 'bomb
yourself') lorsqu'elles ne sont pas poétiques ('ambulance' et 'don't
love you'). Cet album, aux allures arty mais à l'accessibilité
immédiate possède une force d'âme peu singulière.
Eteignez vos écrans, Touch and Go et ses antennes jadis magiques
sont enfin de retour avec une production aventureuse et prometteuse. Soul-ageant !
(chRisA)
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V/A
"Fragment"
(Psychotica rds)
Avec des compilations comme celle-ci, on peut vraiment se dire qu'une
dynamique existe en Italie, et a de quoi rendre jaloux ! Le petit label
italien a en effet réussi à réunir sur son petit
bout de plastique tout ce qui se fait en Europe et aux États-Unis
pour faire perdurer une vision bruyante de la musique. On se croirait
en France durant les années 90 ! Je ne crois pas qu'il y ait d'inédits,
mais le mélange entre valeurs sûres et découvertes
fonctionnent parfaitement. On rentre avec The Planet The (USA) et leur
très bon rock barré, puis suivent Zu, les Italiens étranges
et leur hardcore experimental. Puis arrivent Bellini, projet parallèle
de Uzeda (avec le batteur de Don caballero qui vient d'être remplacé
par le batteur de Girls against Boys), et qui sonne comme du Heliogabale
! La suite continue, toujours dans ce registre, entre musique noise, et
recherches décalées mais non chiantes… Jasminshock,
Beirut, Twig Infection, Logan, Edible Woman, Spriggan, etc. Les noms ne
vous parlent peut-être pas, mais ils arrivent tous à la même
conclusion : que cela soit en Irlande ou en Sicile, la scène noise
est en pleine forme ! Nous sommes ici en face des rejetons qui, à
l'époque, ont donné naissance à des groupes comme
Shellac, Jesus Lizard, Guzzard, ou, plus près de chez nous, Condense
et Prohibition.
[mg]
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RROSELICOEUR
"Demios oneiron"
(Waiting For An Angel)
Voilà 10 ans déjà que Rroselicoeur sillonne les univers
sonores et
poétiques, tout cela sous la protection d'Euterpe, muse de la Musique
et de
la Poésie lyrique. Cette fois, nous sommes invités au royaume
d'Hadès ou
plus exactement du côté de la Cité des rêves.
Un visage scrute le ciel à la
recherche de mondes nouveaux et/ou de Cités perdues. Demios oneiron
nous
entraîne dans le monde des poètes conteurs de musique. Il
n'y a pas de mots,
mais les mélodies si savamment organisées, nous racontent
des histoires
d'hier et d'aujourd'hui. Elles nous insufflent des images de destins
tragiquement beaux, de grandes étendues survolées par des
anges. Nous
évoluons dans un univers proche de Munch (Rendez-moi mon ombre
; La danse
des spectres ; Floe visions in profond eyes) avec des pauses warholienne
bluesie (Schokolade Blitzkrieg) et Sonic Youthienne (Sunshine party).
Nous
sommes en plein coeur du langage de Rroselicoeur où viennent s'entrechoquer
quiétude et tourment. C'est un album très réussi,
même si je ne retrouve pas
les prises de risques d'antan. Certes plus classique, mais que de beauté
et
d'amplitude ! Aller, fermez les yeux et laissez les rêves monter
du royaume
d'Hadès jusqu'à vous !
[sha]
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Voir aussi : Godspeed You Black Emperor, Slint |
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VOICE
IN THE WIRE
"Signals in Transmission"
(eyeball records)
C'est clair, Voice in the Wire va avoir du mal à éviter
la filiation punk-pop des grands frères Samiam, Knapsack et consorts.
"Signals in Transmission" fait en effet l'étalage des
mêmes qualités mélodiques et de ce côté
rentre-dedans chers à ces groupes. Et soyons chauvins, au détour
d'un riff de guitare ou d'un refrain, on croirait même apercevoir
le fantôme des regrettés Sixpack et de Salim, leur chanteur.
Pourtant, si nous sommes en terrain connu, Voice in the Wire fait valoir
ses nombreux atouts : une volonté d'en découdre évidente,
une fraîcheur, une spontanéité réjouissantes
et un côté hardcore plus prononcé que ses aînés
avec refrains hurlés en choeur criants de détermination
et textes engagés et critiques. Malgré un certain déficit
d'originalité et un album qui manque de nuances, Voice in the Wire
délivre là un premier opus à la fois intéressant
et prometteur. Un groupe à suivre.
[sullivan]
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voir aussi : Samiam, Knapsack, Sixpack
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DRESS
FOR SUCCESS
"Priorities"
(autoproduction)
Après une démo qui nous avait laissé penser que ces
parisiens se nourrissaient uniquement de Pavement, ces quatre nouveaux
titres remettent les choses au clair. Leur noisy-pop saturée à
souhait se pose là avec de plus en plus de classe. L'effet des
nappes de guitares superposées est toujours efficace, et le chant
a véritablement gagné en assurance. Pas de problème,
les gars vont pouvoir rouler des mécaniques… Ce "priorities"
navigue toujours dans une sensibilité pop triste à en faire
pleurer les plus sensibles… ça va rebuter les punks qui squattent
devant le supermarché, mais vu qu'ils n'hésitent pas à
effrayer le grand public à coups de décrochages noise à
la Sonic Youth, on ne peut que les soutenir. Reste maintenant à
pondre un tube ultime à la "Dirty Boots" qui va obligatoirement
avec ce style.
[mg]
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voir aussi : Sonic Youth, Placebo
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METRONOME
CHARISMA
"notre amour est assez puissant pour détruire ce putain de
monde"
(Radar Swarm/Impure Muzik/ Overcome)
Appliquer les règles dans le respect de la mesure !!? Metronome
/ Metron Nomos. Ou comment voir son palpitant monter en flèche
devant les secousses épileptiques d'une aiguille que son inventeur,
Johann Maelzel, n'aurait jamais souhaité voir aussi déboussolée.
Screamo hardcore barré (mais pas chaotique), le quatuor bordelais
s'est techniquement armé d'une basse botchienne, d'un jeu de batterie
arachnéen, d'une guitare en cavale et d'un chant désespérement
en colère. Si les petites parties au piano c'est de l'amour, le
reste c'est puissance et destruction. Ca ne fait pas toujours de très
bonnes chansons mais il y a tout de même d'excellents moments de
déflagration. Intense et toujours menaçant, le groupe est
à l'image d'un grondement orageux qui est prêt à foudroyer
l'auditeur dans l'imprévu. Les éclaircies lui donnent l'occasion
de souffler et d'apprécier la très bonne production de Serge
Moratel (Knut, Shora, Tantrum...). Ce premier album est réussi,
disons-le, et cette formation a du talent. Maintenant, reste plus qu'à
voir si en plus ils ont du charisme sur scène…
(chRisA)
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voir aussi: Since by Man, Kiss It Goodbye
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BUSYMAN
"chronorupture"
(jarring effects)
Ne me dites pas que vous ne reconnaissez pas cette voix ! Mais non, ce
n'est pas Bob Mould ! Ok, les guitares électriques ont été
troquées contre un violoncelle et une guitare sèche, et
le post-hardcore teinté de Fugazi s'est transformé en folk,
mais tout de même. Notre célèbre Salim, chanteur des
regrettés Sixpack, sort enfin son premier album acoustique. Si
j'ai du mal à tenir sur toute la longueur de l'album (surtout quand
le texte passe en français sur "Lettre à Laure"),
les petites chansons sont d'une grande beauté, tenues principalement
par le chant toujours aussi touchant de Salim. Loin des modes et des conventions,
sans même flirter avec la vague dite anti-folk de New-York ou Paris,
Busyman arrive à réunir la force mélodique de Bob
Mould (Husker Du / Sugar) et le song-writing de Nick Drake. L'homme se
la joue même Gun Club sur le très urbain et très réussie
"donkey shot" (avec Franck - Deity Guns / Bastard - à
la batterie) ! Une chose est sûre, ça vient du cœur
et ça ne peut que toucher… Mais putain, qu'est-ce qu'il chante
bien ce salaud !
[mg]
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voir aussi : Nick Drack, Bob Mould, Red, Black Heart Procession, Smog,
Sixpack
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RADIO
4
"Stealing of A Nation"
(city slang)
Dire que cet album était attendu est un doux euphémisme.
Pour être plus précis, on pourrait même dire qu'il
était attendu au tournant. Et ce, pour plusieurs raisons. La plus
évidente étant que son prédécesseur, "Gotham",
avec son mélange de rock et de musique dansante, avait bluffé
tout le monde. Si bien que les cinq de Radio 4 attirèrent rapidement
l'attention d'un nombre croissant de personnes : fanzines, médias
plus traditionnels mais aussi commerciaux… J'imagine que vous vous
souvenez de cette pub pour une boisson gazeuse américaine avec
en toile de fond un morceau des new-yorkais...On pouvait donc légitimement
se demander comment le groupe allait évoluer et s'il allait se
faire dévorer par le grand méchant loup, comme beaucoup
d'autres avant lui. La sortie de divers maxis ou singles n'étant
pas pour nous rassurer non plus. Et pourtant… ce "Stealing
of A Nation" vient remettre les pendules à l'heure. Car, non,
Radio 4 n'a pas changé. Bien sûr, l'album a bénéficié
d'une production plus travaillée et le son a perdu son côté
brut de décoffrage d'antan. Mais pour le reste, tout est là
: les new-yorkais enfoncent le clou en assumant à fond leur volonté
de secouer le rock et d'emmener le grand-père sur les dance-floors.
Des tubes en puissance "State of Alert" et "The Death of
American Radio" qui devraient être les "Dance to the Underground"
de cette nouvelle fournée, au dub "Nation", en passant
par les très dansants "Party Crashers" ou "No Reaction"
voire les sous influence new wave "Dismiss the Sound" ou "Absolute
Affirmation", ce nouvel opus impressionne par sa maturité,
sa sérénité et sa confiance. La présence plus
importante de l'électronique ou de percussions semble ainsi totalement
revendiquée et ces éléments se joignent donc avec
harmonie aux guitares cinglantes chères à Gang of Four ou
à cette basse bien ronde. Quant aux textes, fustigeant les médias
américains, la politique actuelle de l'oncle Sam ou la façon
dont Bush avait été élu président, ils sont
toujours aussi critiques et affûtés. Pas étonnant,
finalement, que Radio 4 nous viennent de la grosse pomme : comme leur
ville, véritable porte d'accés au nouveau monde pour les
immigrants du monde entier depuis des décennies, ils se trouvent
au carrefour d'une multitude d'influences… Ça, c'est l'Amérique
que l'on aime : ouverte, tolérante, métissée…
[sullivan]
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voir aussi : Gang of Four, The Clash (pour la démarche et le côté
métissé de leur musique)
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LES
CLOCHARDS CELESTES
"nocturne"
(5 titres - autoproduction)
Concours d'entrée à l'école Constellation. Aujourd'hui,
sans mâcher ses mots, le directeur rend son verdict sur la formation
originaire du bassin St Quentinois. A-t-il été ému
par celle-ci ou bien sa langue marteau va-t-elle encore s'écraser
sur l'enclume de sa mâchoire inférieure ?
"Messieurs, bon on peut dire que votre écriture musicale souffle
le bon comme le mauvais. Céleste… d'accord pour les envolées
poético-mélancoliques et pour cette volonté d'improviser
mais ne perdez pas de vue le terrestre. Le sol serait parfois une bonne
clé pour garder votre trompette et votre chant sur terre. C'est
quoi ces trémolos dans le cuivre ? Ces lignes vocales bancales
à vous donner le mal de mer ? J'ai les mêmes étoiles
que vous dans les yeux. Elles ne brillent pas toujours mais elles sont
là. J'ai noté qu'elles avaient plus de cœur que les
miennes. Délicates, sensibles, fragiles, elles devraient vous porter
là où vos rêves sont construits de notes… mais
bon sang gardez-vous bien d'avoir la tête de vos compositions trop
dans la lune. Vos nuits sont peut-être plus belles que mes jours…
les dossiers de réinscription sont à saisir au secrétariat.
Bonne nuit."
(chRisA)
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Voir aussi : GSYBE, A Silver Mt Zion, Sigur Ros
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ICHABOD
CRANE
"s/t"
(autoproduction)
Une chose est sûre : ces gars-là savent y faire. Normal
me répondront les plus calés d'entre vous quand on a fait
ses armes au sein d'Odd moutain Trio, de 80: Planet of trash et d'International
Mandary. Certes. Mais tout de même, la mélodie est bien soignée,
le chant un peu maniéré mais marquant (même si ce
n'est pas ce que je préfère) qui nous rappelle le talent
des 80: Planet of Trash, bref, le sujet est admirablement maîtrisé.
L'indie-pop d'Ichabod Crane semble avoir toujours existé. Toujours
impressionnant de voir des démos aussi au point ! Bon, maintenant,
va mieux falloir ranger vos ceintures à clous, parce qu'ici, on
parle joliment, sans crasse sous les ongles… avec réserve
et délicatesse. Et ce n'est pas quelques accords noisy et l'utilisation
d'une pédale de disto qui changeront la mise. Bref, tout ce qu'il
faut pour séduire les uns et ennuyer les autres. Choisissez votre
camp. Perso, je m'en reprendrais bien un peu avant le dessert.
[mg]
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Voir aussi : 80: Planet of Trash, Flaming Lips
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INNOCENT
X
"Haut/Bas"
(label bleu)
La noise majoritairement calme et instrumentale d'Innocent X a beaucoup
d'atouts à faire valoir : un côté hypnotique indéniable,
des trouvailles sonores bien vues et un univers singulier qui emmène
parfois le groupe flirter avec le post-rock. Inventif, "Haut/Bas"
reste pourtant frustrant car les morceaux fonctionnent trop souvent sur
le même schéma : un canevas est crée puis répété
à l'envi sans que rien ne vienne contrarier cette monotonie, casser
cette routine. On sent bien qu'un groupe comme Slint a dû influencer
ce trio, pourtant la folie insidieuse du combo de Louisville n'est pas
au rendez-vous… Et finalement, les neuf morceaux de cet album en
restent au stade d'esquisses, de petites pièces installant des
ambiances, au lieu d'aller plus loin pour toucher, bousculer, émouvoir.
Mais on sent néanmoins que ce "Haut/bas" pourrait bien
être les prémices de quelque chose de très intéressant…
[sullivan]
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Voir aussi : Slint
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Gelezeau & Natasha Herzock
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