Institute + Glue + Litovsk + Deletär
[le 1er novembre 2023, Paris, Glazart]
Alors que la Bretagne s’apprêtait a vivre le chaos de la tempête Ciaran, à Paris, c’est à Glazart que les intempéries semblaient s’être données rendez-vous, grâce à Gutter Mélodies. (à noter un superbe flyer)
Ça commence par un orage assourdissant venant de St Etienne. Les météorologues l’ont nommé Deletär, et mon poto David, grand spécialiste de la question, me dit qu’il y du Vomit For Breakfast, du Nico Destructure et tout pleins d’autres gens dont j’ai oublié le pédigré impressionnant. Bon, le son n’aidant pas, je n’ai pas tout compris mais je me suis pris une sacrée averse sur la gueule (et dans les oreilles). Bon les mecs ont un morceau qui s’appelle « Pugilat », je ne pouvais pas dire que je n’étais pas prévenu.


C’est ensuite au tour des bretons de Litovsk. Les salauds avaient sans doute dû laisser leurs familles seules affronter la tempête à Brest (avec leurs potes de Syndrome 81). Courage fuyons. On ne leur en tiendra pas rigueur, puisque le groupe aux deux chanteurs (l’un chantant en français, l’autre en anglais) à ramener une certaine éclaircie dans la salle, même si leur post-punk mélodique et engagé est plutôt du genre sombre. Les quelques tubes en français sont bien repris par le public qui semble apprécier la prestation (tout comme votre narrateur), même si l’ambiance reste encore assez calme. Nous avons le droit à la fameuse reprise des Bérurier Noir « Baston » (présente sur le split avec Hinin) et encore quelques titres en anglais et la superbe dépression française s’éloigne pour laisser la place aux tornades américaines…
Car c’est bien de tornade dont il faut parler quand on assiste à un concert de Glue… pour cette première par chez nous, nous allons être servis. Je ne m’attendais pas à grand-chose de leur hardcore/punk sommes toute efficace mais assez classique sur disque. Grossière erreur. Il fallait ajouter à l’équation leur barge de chanteur. Quel front man ! Les musiciens (dont le guitariste et le chanteur d’Institute qui passe a la batterie dans Glue) envoient la sauce derrière sans en donner beaucoup plus, pendant que le bougre semble possédé. Un chant hargneux qui me renvoie parfois à celui de Steve Ignorant de Crass, et une énergie démoniaque. Aussi souvent sur la tête du public que sur scène, il ne tarde pas à emporter l’assemblée avec lui. Et c’est parti, que ça saute, ça pogote, ça sursaute, et le groupe qui ne ralentit pas la cadence. Le chanteur qui continue de vous hurler dessus, libérant toutes les contrariétés de la journée. Une véritable tornade vient de s’abattre sur la salle. Sauvage.

Puis c’est enfin Institute qui s’installent pour conclure. Evidemment, le groupe d’Austin ramène un bon coup de froid après le déluge torrentiel de Glue. On se fait une petite redescente d’héroïne anarcho-post-punk. Du pur Institute, plus torturé, plus sombre, et toujours un peu énervé. Quelques titres de l’excellent nouvel album « Ragdoll Dance » sorti chez La Vida Es Un Mus (Uncle Sam Hate, Dead Zone, Dopamine for My baby, Plateau of Self…) mais pas uniquement. Avec le son moyen de Glazart, l’ensemble est parfois un peu confus et ne rend pas hommage à la subtilité du disque, mais là aussi le chanteur avec ses faux airs de beautiful loser capte l’attention. Evidemment, après la décharge d’énergie passée avant, l’ambiance est plus calme et le public plus concentré, mais ça se dandine gentiment dans une ambiance bien agréable. Une dizaine de titres et c’est plié. Merci au revoir. Le set me semble un peu court mais peu importe, Austin s’est imposé ce soir.
Glue d’une manière plus brutale, mais Institute a imposé sa subtilité dark. Deux salles deux ambiances.
(photos : JY LaMenace)

