BD. Pour leur nouveau livre, Run et Maudoux se sont lancés dans un projet un peu fou : raconter l’histoire d’Elisabeth Short, alias le Dahlia noir, jeune femme dont le corps a été retrouvé mutilé et coupé en deux dans un quartier de Los Angeles en 1947 et objet, depuis, de tous les fantasmes. Si bien que son histoire a maintes fois été adaptée, que ce soit au cinéma ou par des écrivains (notamment par James Ellroy), souvent romancée…On l’a ainsi imaginée prostituée, lesbienne ou femme sulfureuse prête à tout pour réussir à Hollywood. Run et Maudoux se sont donc plongés dans les rapports de police, les documents d’autopsies, les dossiers déclassifiés du FBI, les interrogatoires des suspects ou les archives de la presse et, tels des enquêteurs, ont croisé toutes ces informations pour tenter de raconter la véritable histoire de Beth Short, en tout cas celle qui serait la plus juste possible et qui rendrait justice à la jeune femme. Voilà, notamment, pourquoi ils ont choisi une forme narrative hybride pour raconter cette vie, qui se concentre surtout sur les derniers mois de Short, et tenter de comprendre ce qui a pu arriver à la jeune femme qui avait quitté son Massachussetts natal pour Hollywood des rêves plein la tête et qui est morte à seulement 22 ans…Le livre se présente donc comme un récit en prose organisé chronologiquement et accompagné de nombreux documents (photos, cartes postales, notes, croquis…) pour l’illustrer et dont certains moment clés sont racontés en bande dessinée à l’aide des pinceaux de Florent Maudoux, dont le travail est remarquable de réalisme et de précision. Très documenté et d’une grande précision factuelle, les auteurs reviennent ainsi sur son enfance, son départ pour Hollywood, sur les déboires qu’elle y connaît, les rencontres qu’elle y fait (Ann Toth, qui l’aidera souvent ; Mark Hansen, qui l’hébergera ou encore Robert Manley, un homme marié avec qui elle sortit plusieurs fois) ; son goût pour les correspondances et ses arrangements avec la réalité (elle avait tant envie de devenir célèbre qu’elle enjolivait beaucoup les choses quand elle écrivait à ses proches…) afin d’essayer de reconstituer le mystère Elisabeth Short.
Fruit d’un travail de recherche qui a dû être colossal, superbement dessiné (les portraits des suspects que l’on trouve à la fin du récit sont juste incroyables), A Short story a le grand mérite de rétablir certaines vérités sur Elisabeth Short, qui était avant tout une jeune femme simple qui rêvait, comme beaucoup d’autres jeunes filles de cette époque, de gloire hollywoodienne. Un livre captivant !
(Récit complet, 114 pages – Label 619/Rue de Sèvres)