COMICS. S’il avait bien sûr envie de développer son univers personnel, Alan Moore avait aussi besoin de gagner de quoi vivre. Et avant d’avoir les coudées franches pour créer Watchmen ou V pour Vendetta, le scénariste anglais a d’abord travaillé pour le comics américain mainstream en reprenant Swamp Thing et la créature du marais à partir de janvier 1984 et en proposant, un peu plus tard, des récits courts pour des séries aussi célèbres que Green Lantern, Le Vigilant, The Omega Men mais aussi Batman et Superman. C’est ce travail qui a été recueilli dans Alan Moore présente DC Comics. Une belle occasion de découvrir une autre facette de cet auteur incontournable de la BD! Un livre qui nous permet aussi de nous rendre compte de la difficulté d’apporter sa personnalité à ces séries mythiques (car il faut avant tout se fondre dans leur univers et respecter leurs codes!), notamment avec les deux histoires de Superman, au final très classiques, qu’il a imaginées (une pour le mensuel Superman et l’autre pour Action Comics) pour conclure l’ère de Superman avant que la série ne soit reprise par Byrne et dans lesquelles il convoque tous les ennemis célèbres de « l’homme d’acier ». On peut malgré tout noter le message de tolérance délivré dans Pour celui qui a déjà tout, un autre récit court de Superman : « Père, Krypton est en train de changer et le changement est toujours difficile. La solution ne réside pas dans l’extrémisme politique ». Ou encore un épisode assez drôle (même s’il s’agit d’humour noir…) de The Omega Men dans lequel Leelyo, une anthropologue inter-système, va apprendre à ses dépens comment les mâles (il ne semble pas y avoir de femelles…) de la planète Culacao se reproduisent…Et une vraie curiosité : un récit crossover où Swamp Thing sauve la vie de Superman…Enfin, Urban Comics a eu la bonne idée, et c’est ce qui intéressera peut-être le plus les fans de Moore, de proposer, en bonus, et pour la première fois en français, le synopsis détaillé, avec intrigue et présentation des personnages, d’un projet de grande ampleur (Le Crépuscule des super-héros, série dans laquelle l’auteur imaginait, comme son titre l’indique, la fin des super-héros légendaires…) proposé par Moore à DC Comics mais qui ne vit jamais le jour…
(Recueil, 336 pages – Urban Comics)