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ALICE DE L’AUTRE COTE DU MIROIR (Carroll) illustré par Benjamin Lacombe

AliceAutreCoteMiroir-C1C4_161026+.inddSi Benjamin Lacombe a fait quelques incursions, remarquées, dans la bande dessinée, notamment avec Léonard et Salaï (dont on attend avec impatience la sortie du tome 2), qui met en scène les relations (artistiques, bien sûr, mais pas seulement) entre Léonard de Vinci et son modèle, il est avant tout connu pour son travail d’illustrateur, que ce soit sur des livres jeunesse ou des classiques célèbres. Ainsi, après s’être penché sur Les contes macabres de Poe ou Notre Dame de Paris d’Hugo, il a cette fois décidé de s’attaquer à l’Alice de l’autre côté du miroir de Lewis Carroll. Le résultat est, comme à l’accoutumée, magnifique, Lacombe livrant un travail graphique de toute beauté. Parfaits techniquement, très léchés, ses dessins possèdent le côté ambivalent qu’il fallait pour accompagner l’œuvre au mieux : beaux et enfantins tout en étant habités par un je ne sais quoi d’étrange et d’inquiétant. Du grand Art qui nous donne l’occasion de redécouvrir ou tout simplement de découvrir la célèbre œuvre de Carroll qui fait suite à Alice aux pays des merveilles, avec laquelle on la confond parfois d’ailleurs.

Une œuvre incroyablement singulière qui voit Alice faire, une fois qu’elle est passée de l ‘autre côté du miroir, des rencontres plus surréalistes les unes que les autres (une reine blanche qui peut se souvenir de ce qui va arriver et qui se transforme en brebis qui tricote sans crier gare ; un homme à tête d’œuf, le célèbre Heumpty Deumpty !, hautain comme pas deux, qui certifie commander aux mots ce qu’il a envie qu’ils signifient ; un lion qui adore le quatre-quarts ; un cavalier qui ne sait pas tenir sur un cheval mais qui est sans rival en matière d’inventions bizarres…) qui empêchent Alice de sortir de cette forêt sombre (chacun n’a qu’une idée en tête : lui réciter de longs poèmes ou lui chanter de longues ritournelles) dans laquelle elle a pénétré même si cela ne l’empêchera pas, finalement, de devenir reine (le récit se présente en fait comme un jeu d’échecs).

Situations loufoques, dialogues absurdes, scènes délirantes (comme le banquet donné par Alice), fantaisie linguistique (l’auteur joue beaucoup avec les mots et leur sens, allant même jusqu’à inventer une nouvelle langue dans le poème Bredoulocheux, Jabberwocky en anglais) : parue en 1871, l’œuvre était incroyablement en avance sur son temps et annonçait, par exemple, le mouvement surréaliste à venir. Un très beau livre, à l’édition soignée, rempli, qui plus est, de bonus, avec notamment des contes mathématiques parus dans le magazine The Monthy Packet dans lesquels l’auteur –qui enseignait aussi les maths- cachait des nœuds à résoudre dans ces histoires destinées aux enfants.

 

(Roman illustré – Métamorphoses)