Mohamed vit à Guelmim, au sud du Maroc, et ne pense qu’à une chose avec ses copains : partir en Europe et pouvoir revenir au bled, pendant les vacances, les bras chargés de cadeaux pour la famille. Alors quand Ali lui annonce qu’il a trouvé l’argent nécessaire pour pouvoir payer le passeur, Mohamed vole 10 000 dirhams dans la caisse de son père et part au lieu de rendez-vous. Commence alors une véritable descente aux enfers pour Moh : au mépris et à la violence des passeurs succèdent la faim et le froid de l’attente dans le désert, l’angoisse de la traversée sur leur frêle embarcation et, enfin, l’arrestation par des policiers espagnols brutaux presqu’aussitôt arrivés aux Canaries…
Après des études de bande dessinée en Belgique, Liano part enseigner le neuvième art au Maroc pendant un an. C’est là, à Tétouan, qu’il rencontre Mohamed avec qui il travaille, notamment, à la création d’un groupe d’artistes. Au cours d’une soirée, ce dernier lui raconte qu’il a tenté de rejoindre l’Europe clandestinement quelques années auparavant. Cédric Liano enregistre le tout sur cassette et se promet de raconter cette expérience un peu plus tard…Ce qui est désormais chose faite avec “Amazigh”, qui revient sur ce qui occupe l’esprit de nombre d’africains : l’exil clandestin en Europe. Malgré la peur, le danger et l’inconnu.
Soyons sincères, on a déjà lu sur le sujet des romans graphiques bien meilleurs. Certaines scènes manquent en effet ici de clarté et le trait de Liano, s’il se veut simple et spontané, est tout de même parfois trop approximatif. Pourtant, malgré ses défauts, “Amazigh” retient l’attention car il y a là, grâce au témoignage de première main de Mohamed, une sincérité et une force qui provoquent l’empathie. Et puis avouons-le : on est content que ce genre de livres, même imparfaits, existent. Peut-être contribueront-ils à faire voir l’immigration clandestine d’une autre façon aux européens…
(Roman graphique – Steinkis)