En ce samedi soir, le groupe australien posait donc ses amplis à l’Elysée Montmartre. Porté par sa chanteuse charismatique et ses refrains accrocheurs, ils jouent évidemment à guichet fermé.
Voilà des lustres que je n’ai pas mis les pieds dans cette salle. Et je ne suis pas le seul, plusieurs copains-copines me font aussi la remarque. Ça me rappelle des vieux souvenirs, comme le concert de Fugazi/Girls Against Boys aux débuts des années 90… mais je m’égare. Revenons à ce qui nous intéresse ce soir, la venue d’Amyl et de ses Sniffers.
Le groupe a donc le vent en poupe. Il faut dire que les deux derniers albums possèdent quelques tubes irrésistibles, reprenant pas mal de codes punk ou hardcore, avec une aptitude pour les rendre plus accessibles. Et ça marche incroyablement bien. Du coup ce soir, malgré la présence de quelques jeunes, on croirait un concert de reformation d’un groupe des années 80/90 tant la plupart du public semble avoir dépassé les 40 ans.
En première partie, d’autres australiens ouvrent le bal. Il s’agit de C.O.F.F.I.N. que nous avions découvert grâce au split qu’ils partageaient avec les géniaux Mini Skirt. Pas le temps de faire les présentations que les quatre gars balancent pied au plancher leurs brûlots mixant hard rock et hardcore. C’est le batteur qui chante, et les refrains sont carrément efficaces. Je sens que ça devrait toucher du monde. Bon, l’influence hard rock ne va pas trop me causer, mais franchement, même de ce côté là, les gars semblent piocher dans des références auxquelles je ne suis pas allergique. Bon, sur la longueur, je fatigue un peu, mais l’esprit Motorhead / Suicidal Tendances / Anthrax par moment me fait adhérer. Surtout que le fond reste très rock (à nuque longue of course).

Après une attente interminable (faudra qu’on m’explique l’intérêt de faire poireauter un public pendant des plombes entre deux groupes alors que tout le matos est installé, et que la salle est complète), Amyl and The Sniffers arrivent, attendus comme les messies. Et c’est parti pour une heure, une heure et demie (j’avoue que je n’ai pas regardé) de pure énergie. Energie portée par une seule personne, au centre de la scène : Amyl. On comprend bien pourquoi le groupe se nomme Amyl and the Sniffers, à l’ancienne, mais surtout en détachant la chanteuse du reste du groupe. C’est exactement ce que l’on voit sur scène, même si elle partage beaucoup avec les musiciens. Il n’y a d’yeux que pour elle, elle et son spectacle. Car elle fait le show. Elle me fait penser à Iggy Pop, qui, lui aussi, avait rapidement sorti son nom des Stooges pour inscrire Iggy and The Stooges sur les pochettes de disques.
Amyl cours, danse, fait même des pompes, tire la langue, sans pour autant se laisser déborder sur son chant. Elle en fait des caisses (reprenant là aussi beaucoup de codes punk ou hardcore), mais toujours avec le sourire. Elle tient le public, c’est impressionnant. Rien que pour la performance, on adhère ou pas, mais je tire mon chapeau.
Musicalement, là aussi, c’est à la hauteur des attentes. Le groupe commence sur les chapeaux de roue, avec l’excellent Freaks to the Front histoire de monter tout de suite la température et annoncer la couleur. Puis ça enchaine directement avec Starfire 500, Got You, Control, Maggot, Security, GFY ou le très hardcore Some Mutts (can’t Be Muzzed) (jouer a toute vitesse) puis Hertz… dans le public ça hurle, ça chante, ça reprend évidemment les refrains… Les tubes s’enchainent, les morceaux moins efficaces aussi, soyons honnêtes, car comme sur disques, les morceaux ne sont pas tous homogènes, et certains ont tendance à un peu perdre en intensité, ou tout du moins en efficacité. Mais rien de grave, l’énergie insuffler par Amyl et le groupe (tout de même) permet de garder le public en pression tout du long. Car de ce côté là, le groupe ne baisse pas de régime.
On apprécie.
C’est marrant car je me dis que vu les influences punk et hardcore de leur musique, je pense que le même groupe, sans Amyl au chant, jouerait sans doute dans de petits club, devant une petite centaine de spécialistes maximum. Alors que là, le groupe touche un public assez diversifié et bénéficie d’une certaine hype. Et cela tient clairement sur cette boule d’énergie cockney qu’est Amyl. Tant mieux pour eux.
Revenons au concert. C’est déjà la fin, et le groupe s’en va au son d’un tube disco, transformant le lieu en fin de fête de mariage. Les lumières se rallument. C’est drôle mais ceux qui attendaient un rappel peuvent aller se rhabiller.
Peu importe, les australiens ont donné sans compter. Pas dans la finesse mais à l’énergie et tout le monde est rassasié. Moi le premier.
Encore une fois l’Australie a marqué des points !
