BD. Les récits de Thierry Murat ont toujours eu un côté contemplatif. Mais cette fois cet aspect est cependant bien plus prononcé. Car Animabilis propose une sorte d’errance poétique. Un récit initiatique qui suit Victor le reporter se rendre dans un Yorkshire de fin de XIXe siècle emprunt de légendes qu’il doit raconter aux lecteurs parisiens avides de sensations de son journal. Et où, au contact de ce folklore occulte et de cette nature sauvage, il va se découvrir. Poète de la vie et de l’Amour quand il rencontre la belle Mey. Animabilis est un voyage emprunt de mystère aux confins de la folie et de la mort où l’on rencontre villageois superstitieux, corbeaux étranges et morts inexpliquées. Une errance parfois difficile à suivre mais superbement racontée par Murat. Le travail graphique est dans la droite lignée de ce que l’auteur fait depuis qu’il a rejoint Futuropolis : un trait épuré très personnel qui ne fait qu’esquisser les contours des personnages tandis qu’aplats de noirs, omniprésents, proposent un jeu troublant sur les ombres, il met en exergue la recherche d’absolu de Victor et la beauté de la vie qui l’entoure. Quant aux textes, ils sont magnifiques : imaginant la prise de conscience poétique de Victor, Murat livre une écriture de toute beauté. A l’image de ces quelques lignes prononcées par Mey : « Nous ne sommes plus que deux âmes vagabondes, mon amour. Deux nénuphars flottants à la surface de l’éternité. Et à trop nous étreindre sans nous toucher, nous risquerions de nous éteindre au cœur des ténèbres… ». Un bel hommage, singulier, à la littérature romantique.
(Récit complet, 160 pages – Futuropolis)