BD. Un matin, quand Selen se réveille, son père et sa sœur Sophie ont disparu. Comme tous les habitants de la ville d’ailleurs. Et comme dans beaucoup d’endroits dans le monde, une tour gigantesque et lumineuse se dresse désormais à l’horizon. Ne sachant où aller, Selen commence à errer et va où son intuition la mène. Un jour, le chat qui l’a adoptée lui ramène un garçon, Héli, qui a son âge. Elle n’est plus seule au monde ! Ensemble, ils décident de s’approcher de l’une des tours, la plus grande, pour comprendre ce qui a pu se passer…
Ce que l’on aime avec les éditions Sarbacane, c’est leur volonté de dénicher de jeunes talents pour les aider à se faire connaître. Ces dernières années, ce sont ainsi Julien Lambert, Alex W. Inker ou encore Lomig qu’ils nous ont permis de découvrir. A cette liste, on peut maintenant ajouter Timothée Leman qui, après avoir illustré un roman, Les aériens (c’était en 2017, déjà chez Sarbacane), pour son premier travail édité, sort là sa toute première bande dessinée ! Et le jeune homme ne manque pas d’ambition! Jugez-en plutôt: Après le monde comporte 158 pages et, surtout, le récit impressionne par son travail graphique: d’une incroyable maîtrise, il fait preuve d’une personnalité bluffante pour un auteur de cet âge. Mêlant peintures et crayons dans des tons sombres (gris et noirs dominent même si quelques touches de rouge foncé/marron parviennent à se frayer un chemin), Leman parvient ici à créer un univers visuel aussi sombre que magnifique, décor idéal pour ce conte onirique inquiétant. Un mauvais rêve où l’on rencontre des animaux étranges et des humains « bloqués » (ils semblent rejouer indéfiniment la même scène d’un film sans réagir aux sollicitations extérieures…) dans lequel Héli et Selen s’habituent petit à petit à vivre sans les êtres qui leur sont chers tout en essayant de donner un sens à tout ce qui leur arrive…
La conclusion paraîtra peut-être un peu convenue à certains mais en brouillant les frontières entre rêve et réalité pour nous parler des peurs inconscientes et des fantasmes enfantins, Après le monde propose néanmoins un voyage marquant dans l’imaginaire de l’enfance. Une première réussie!
(Récit complet, 158 pages – Sarbacane)