BD. La mère de Courgette passe son temps à boire des bières devant la télé depuis que sa jambe est devenue raide. Elle dit que la vie, c’est pire que le ciel gris et que ces saloperies de nuages sont là que pour pisser du malheur. Alors Courgette a décidé de tuer le ciel pour sa mère. Et aussi pour qu’elle arrête de lui mettre des raclées…Mais quand il tire en l’air, sa mère lui crie dessus et veut lui arracher le pistolet des mains. Le coup part tout seul et la mère de Courgette est allongée par terre…Alors Raymond le gendarme emmène Courgette dans un foyer pour enfants…
D’abord adapté pour la télé en 2007 sous le titre C’est mieux la vie quand on est grand puis sous forme de film d’animation (qui reçut le César dans cette catégorie) pour le cinéma en 2016, Autobiographie d’une courgette, le roman de Gilles Paris, est cette fois adapté en BD par les mains expertes d’Ingrid Chabbert et Camille K qui en livrent une version fidèle et respectueuse. Les 2 femmes ont notamment, bien sûr, gardé cette narration à hauteur d’enfant qui fait tout le sel du récit. Car c’est bien à travers le regard de Courgette ou de Camille, son amoureuse au foyer, que l’on perçoit les événements et que l’on comprend pourquoi eux et leurs copains (« J’étais trop petit quand papa est parti avec sa poule », lance Courgette au juge et Camille lui confie, de son côté : « La dame m’a dit que mon papa avait tué ma maman et avait sauté dans la Seine ») se retrouvent au foyer des fontaines. Et au fil des scènes du quotidien au foyer dessiné d’un trait enfantin, très judicieux pour le coup, par Camille K (elle parsème aussi le récit de dessins prétendument réalisés par Courgette, comme celui de son papa sur le dos d’une poule dans le ciel…), on devine la misère sociale et les accidents de la vie qui ont amené tous ces enfants au foyer. On voit aussi la camaraderie qui naît et les liens se nouer entre les enfants, bref la vie qui reprend ses droits grâce à la bienveillance et à la patience des éducateurs et à la gentillesse de Raymond qui vient régulièrement rendre visite à Courgette les dimanches après-midis…
Un récit poignant, dur par moments, mais lumineux et plein d’espoir également. Une très belle adaptation.
(Récit complet, 128 pages – Philéas)