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AYAKO (Tezuka)

BD. 170 000 planches réalisées, plus de 700 titres sortis : Tezuka, disparu en 1989, appartient clairement au patrimoine de la bd mondiale (et à celui du film d’animation…). Pour comprendre d’où vient la bd actuelle, il faut avoir lu Tezuka. Alors pourquoi ne pas commencer par Ayako, l’une de ses œuvres les plus connues, que Delcourt ressort ici dans une très belle édition intégrale (on y trouve, notamment, en bonus, une préface signée Patrick Honoré ainsi qu’une fin alternative, celle que Tezuka avait choisi quand le récit avait d’abord été publié en magazine et qui est inédite en France…) qui inaugure une nouvelle collection entièrement consacrée au mangaka japonais (un intégrale en 2 tomes de L’histoire de 3 Adolf est sorti simultanément et les rééditions de La vie de Bouddha ou Barbara sont annoncées pour septembre).
Originellement paru en 1972, Ayako avait en fait pour ambition de brosser le portrait du Japon de l’après-guerre. Obligé, après la défaite, d’entrer dans une ère nouvelle en grande partie dictée par l’occupant américain mais encore prisonnier de ses traditions parfois archaïques. Pour ce faire, Tezuka plante son intrigue au beau milieu d’une famille de propriétaires terriens, dirigée d’une main de fer par Sakuémon, patriarche aussi autoritaire que pervers (il a promis à son fils aîné Ichiro de lui léguer toutes ses terres s’il lui laissait passer du temps avec sa femme Sué, dont il a eu une fille, Ayako…). Un patriarche qui accepte, un jour, sous la pression du conseil de famille, d’enfermer la petite Ayako (elle a 4 ans…) dans une remise pour cacher le meurtre perpétré par un autre de ses fils, Jiro, et protéger l’honneur de la famille Tengé. Ayako y restera 23 ans…
Mais ce ne sont là que les grandes lignes de ce récit fleuve de 700 pages. Et il y a bien sûr bien d’autres choses dans Ayako que le portrait de cette famille incestueuse dont les membres masculins ne pensent qu’à l’argent et au sexe…Car le récit est aussi une vaste enquête qui nous mène dans l’univers des yakuzas et pointe du doigt les manigances (qui pouvaient aller jusqu’au meurtre) des forces d’occupation américaines pour forcer le Japon à se moderniser tout en évitant que le pays ne vire trop à gauche.
Ayako est un récit riche qui surprend par sa modernité (il mêle réalité et fiction) et son engagement (il épingle le rôle des américains ou la corruption des gouvernants japonais) : pas étonnant qu’il soit considéré comme l’une des œuvres phares de Tezuka.

(Intégrale définitif – Delcourt/Tonkam)

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