COMICS. Bruce est en prison, à Stonegate, depuis quelque temps maintenant. Mais avec l’aide qu’il a apporté pour maitriser plusieurs émeutes, il devrait bénéficier d’une remise de peine et sortir sous peu. Pourtant, il ne peut pas attendre plus longtemps : après avoir empêché la liquidation de son entreprise au procès de Batman, Powers a réussi à convaincre la ville de lui confier l’argent (cela s’élève à des millions…) des fonds de charité Wayne pour l’utiliser afin d’améliorer la technologie qui était mise au service de Batman et de ses combats. Son but : créer une GTO ultra-puissante pour mettre tous les super-criminels hors d’état de nuire et protéger les élites en faisant de Gotham City un véritable état policier. Grâce à Terry, il a même réussi à pénétrer, malgré la surveillance, dans le manoir en ruines des Wayne pour mettre la main sur le dernier costume, comprenant beaucoup d’innovations techniques, que Bruce avait lui-même créé…
Quand DC Comics lui confia les rênes de la série il y a quelques années de cela, la grande idée de Sean Murphy fût bien sûr de créer une nouvelle mythologie Batman en inversant les rôles : Bruce Wayne, incapable de gérer ses névroses devenant le méchant et le joker endossant, lui, le rôle du gentil. C’est ainsi que The White Knight créa la surprise en même temps qu’une grande excitation chez les fans. Murphy poursuivit bien sûr dans cette direction avec Curse Of The White Night puis White Knight – Harley Quinn. Et Beyond The White Knight vient clore en toute logique ce cycle du chevalier blanc. Et pour cela, l’auteur réunit toute la « famille » Batman : Bruce Wayne, les différents Robin (avec une petite nouvelle inattendue…), Harley, Batgirl, Nightwing…pour un message finalement simple (simpliste ?) : l’union fait la force et Batman est meilleur entouré des siens. Pour arriver à ce joli happy-end qui ravira probablement les fans, il aura fallu que Wayne fasse auparavant la paix avec lui-même et avec ses fils adoptifs…Ce n’est pas la seule surprise que Murphy réserve ici puisque par l’entremise d’un petit tour de passe-passe scénaristique (il lui a implanté une puce dans le cerveau alors que Batman était inconscient), le Joker va devenir l’allié, au-delà de la mort, de Bruce/Batman en lui parlant dans sa tête. Et on ne parle pas de la conclusion que personne n’aura vu venir et à propos de laquelle les avis seront probablement très partagés !
Malgré tout ce Beyond The White Knight ne convainc pas complètement. Le dessin de Murphy, très abouti, n’est bien entendu pas en cause (même si les scènes d’action sont parfois un peu confuses). Non, c’est plutôt le scénario qui est un peu poussif et s’éparpille trop à vouloir revenir sur (et expliquer) les trajectoires de tous ceux qui ont été proches de Bruce. Il en délaisse même ce qui aurait dû être sa priorité : cette société liberticide que Powers veut créer mais dont on ne saura finalement pas grand-chose, l’essentiel semblant ailleurs pour Murphy : réunir la famille Batman. Dommage. A noter : ce nouvel opus sort simultanément dans des versions différentes, notamment une en noir et blanc que nous vous recommandons car elle met vraiment en exergue la précision, mais aussi la noirceur, du dessin de Murphy.
(Récit complet, 268 pages – Urban Comics)