Battles est certainement l’un des groupes qui a eu le plus d’influence sur le rock cette dernière décennie. D’ailleurs on ne va pas ici égrener les noms des formations plus ou moins redevables au trio américain car on manquerait de place… Un “statut” qui ne semble en tout cas pas émouvoir Battles plus que ça, qui continue au contraire son bonhomme de chemin avec un troisième album qui les voit prendre, de nouveau, un coup d’avance sur la concurrence. La bande à Konopka continue en effet d’avancer, n’écoutant que ses envies pour tracer son chemin, refusant, surtout, de reproduire ce qu’ils ont déjà fait. Raison pour laquelle ils ne cessent de faire muter leur math-rock. Alors forcément la première écoute, comme toujours avec leurs albums, déstabilise (on savait de toutes façons qu’il en faudrait quelques unes pour se retrouver dans ce La Di Da Di, au titre trompeusement simple).
Sur ces 12 titres, Battles explore, tâtonne parfois, mélange tout un tas de choses (jazz, math-rock, électro, influences africaines…), comme le montre la pochette, pour les cuisiner à sa sauce, bref cherche de nouvelles voies, complètement instrumentales ici car le groupe n’a pas souhaité collaborer cette fois avec des chanteurs (il l’avait fait sur Gloss Drop, en invitant notamment Kazu Makino, de Blonde Redhead, pour pallier le départ de Tyondai Braxton).
Et quand Battles cherche, Battles trouve ! Très souvent en tout cas. C’est le cas des excellents The Yabba (feu d’artifices rythmiques en tous genres qui voit les beats de Konopka et le jeu de batterie de l’ex-Helmet John Stanier, toujours aussi bon, continuellement se chercher, s’entrecroiser, dialoguer avant une fin aussi jouissive qu’énervée), FF Badda (qui commence sur des sonorités africaines avant de muter en une sorte de no wave futuriste) ou Non-violence (au tempo plus enlevé, construit sur une opposition géniale entre un riff de guitare court et agressif et une petite mélodie au synthé qui ne cessent de se répondre). Les détracteurs du groupe pointeront peut-être les moments plus faibles de ce troisième opus, à la fin de l’album. Mais sincèrement ils sont rares. Et une chose est sûre : que l’on aime ou pas Battles, il faut rendre hommage au groupe pour sa volonté de toujours vouloir défricher et avancer vers de nouvelles voies musicales ! Et en concert le groupe est tout simplement excellent ! La complicité (on pourrait même aller jusqu’à osmose) entre instruments live et électro, la grande force de Battles, prend alors tout son sens. Ceux qui les ont vus récemment au Grand Mix de Tourcoing ou au Pitchfork festival à Paris ne me contrediront certainement pas.
(Album – Warp)