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Lulu femme nue (second livre)
Davodeau
futuropolis

La veillée funèbre se poursuit. Tous ses amis sont réunis autour de Morgane, sa fille aînée, pour raconter "la fugue" de Lulu, qui, après un énième entretien d’embauche négatif, a décidé de ne pas revenir à la maison. Elle ne voulait pas abandonner mari et enfants, Lulu, non, elle avait juste besoin d’un peu de temps pour elle. Seulement quelques jours oisifs, à contempler la mer, à se balader et à regarder autour d’elle. Après Xavier, le mari de sa meilleure amie, c’est maintenant au tour de Morgane de jouer les narratrices. Car après l’escapade avec Charles, sa mère a poursuivi son chemin, au gré du destin. Arrivée dans une nouvelle cité côtière, ses poches vides la font rencontrer Marthe dans d’étranges circonstances. La vieille dame lui fait alors une drôle de proposition : l’héberger en échange du récit de ce qu’elle aura vécu dans la journée. Il faut dire que l’octogénaire s’ennuie ferme ! Voilà qui permet en tout cas à Lulu de prolonger sa petite aventure…
Qu’il livre une œuvre engagée, aborde le syndicalisme ou le monde paysan en reportage ou propose une fiction "toute simple", Davodeau n’a pas son pareil pour parler des gens ordinaires. Il trouve toujours la bonne distance, le ton adéquat, les détails physiques idoines pour que ses portraits soient frappés du sceau de la justesse. Et c’est ce que les critiques mettront, à raison, en avant au sujet de ce diptyque une nouvelle fois superbe. Mais à l’heure où nos gouvernants parlent de remettre la France au travail (enfin, c’était avant la crise…), cette ode à l’oisiveté, au temps libre, voire au "rien foutre" (comme le dit lui-même l’auteur) possède aussi d’autres qualités qu’il ne faudrait pas oublier.
A commencer par une narration plus ambitieuse qu’à l’accoutumée, avec ces différents conteurs -Xavier, Morgane, Cécile et même, mais oui, Lulu- qui se transmettent le témoin du récit, ce splendide travail sur les couleurs, lumineuses et sereines (très en phase avec l’état d’esprit de Lulu, bien sûr) ou le scénario, surprenant jusqu’au bout.
Tout cela ne pouvait qu’aboutir à ce magnifique portrait de femme, touchant et atypique. Un portrait comme seul Davodeau peut en brosser.

[sullivan]

 


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