Le landais volant 3.Sketch sur le ketch
Dumontheuil
futuropolis
Les voyages forment la jeunesse, dit-on. Le baron Jean-Dextre Pandar de Cadillac aussi, même s’il n’est plus tout à fait jeune. Nous le suivons ici une nouvelle fois dans quelques uns de ses périples jalonnés de surprises, d’embûches et de révélations existentielles. Au Guatemala, il découvre une méthode de bizutage du touriste fort humiliante dont il s’avère difficile de se relever. A Antigua, un match de foot entre le Guatemala et le Salvador l’aide à mettre en perspective les évènements du 11 Septembre à New-York. Au Mozambique, il rencontre Yorick, un architecte breton exilé à Ilha depuis 25 ans qui a provoqué une grève du sexe chez les femmes de la région et l’aide à mieux comprendre l’importance du rôle d’hommes comme lui dans la lutte féministe. Enfin, la promiscuité sur le Gitana III, un bateau de plaisance voguant sur l’Atlantique, fait resurgir des blessures mal refermées de l’enfance en même temps que le fantôme de Marlène Jobart…
Avec ce "Sketch sur le ketch", Dumontheuil poursuit son tour du monde insolite et initiatique. Car le baron Jean-Dextre n’est jamais tout à fait le même quand il revient de l’un de ses voyages. Sa grande sensibilité, son humanisme chevaleresque et son ouverture d’esprit légendaire font que chaque nouvelle destination le bouscule, le touche et le fait grandir. Au beau milieu de paysages nouveaux et entouré d’autochtones inconnus, on se sent tout petit et seul. Il faut alors se débarrasser de ses préjugés, savoir regarder et écouter. C’est ainsi que l’on apprend sur les autres tout autant que sur soi-même. Preuve en est : un temps, le baron s’est cru revenu à l’état sauvage au Guatemala et au Mozambique, impressionné par le charisme et le pouvoir de séduction de Yorick, Jean-Dextre, questionnant cette nouvelle attirance pour lui, s’est demandé s’il n’était finalement pas homosexuel…
Dumontheuil a inventé un nouveau genre de carnet de voyage avec ce "Landais volant", qui mêle vraies expériences à l’étranger, réflexions philosophiques un brin délirantes, anecdotes étonnantes qui captent, mine de rien, même si c’est à gros traits, quelques vérités sur les pays rencontrés et débordements aussi loufoques que burlesques. Parfois inégale, la série n’est pas aussi réussie que "Big Foot", son adaptation (il faut dire qu’elle était excellente) du "Monstre des Hawkline" de Brautigan mais le guide étant plutôt imprévisible, ces escapades s’avèrent souvent singulièrement dépaysantes.
[sullivan]