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BERLIN Livre troisième : Ville de lumière (Lutes)

BD. Kurt Severing est perdu : quitté par Marthe qui est allée vivre avec Anna et désabusé par l’évolution de la société allemande, il ne sort plus guère de son appartement et n’écrit plus. Depuis la mort de sa mère, Silvia est quant à elle déterminée à s’investir autant qu’elle le peut pour le parti afin d’empêcher la montée de plus en plus inquiétante d’Hitler et du national socialisme. Dans les rues, les partisans fascistes sont en effet de plus en décomplexés et n’hésitent plus à prendre à parti les communistes ou à casser les vitres des boutiques juives…

Berlin est un cas rare. Et il ne doit plus y avoir grand monde pour se souvenir des débuts de cette trilogie…Et pour cause, Jason Lutes l’a commencée il y a plus de 20 ans (en France, le livre premier est sorti en 2002 au Seuil…) ! Pourtant, ce serait dommage de passer à côté de ce récit. Car Berlin, d’un trait ligne claire aussi appliqué que sobre (pas de couleurs ici, à part sur la dernière planche…), dépeint avec précision et rigueur (les faits historiques sont scrupuleusement respectés), l’inexorable montée en puissance du nazisme en Allemagne qui aboutira, et c’est là que s’arrête le récit (tout le monde connaît la suite, chaos que Lutes a tout de même résumé en 3 dessins double pages puissants en guise d’épilogue), à l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933. A travers le quotidien de personnages du peuple : Severing le journaliste, Müller l’artiste ou Silvia l’écorchée vive qui veut venger sa mère. Jason Lutes ne fait finalement que montrer l’enchaînement fatidique des événements mais son récit a clairement valeur d’avertissement (et on en a malheureusement plus que jamais besoin si l’on en juge par les résultats des dernières élections en Allemagne qui ont vu le parti d’extrême droite faire un score très élevé) pour les générations futures. Car les signes avant-coureurs étaient là, dans cette Allemagne en crise, mais par égoïsme (la bourgeoisie regardait ailleurs, occupée à prendre du bon temps), calcul (certains ne voyaient pas d’un mauvais œil que les juifs, très bons commerçants, soient harcelés) ou lâcheté (notamment de la presse), une grande majorité de gens a laissé faire, ne s’offusquant pas (ou pas assez) des atteintes aux libertés ou des brimades faites aux homosexuels ou aux juifs. Une démonstration un brin austère mais brillante et édifiante !

(Trilogie, 172 pages pour ce tome 3 – Delcourt)

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