BERLINE 0.33 + LE PRINCE HARRY + SCORPION VIOLENTE + JC SATAN
le 11.05.12, Paris, Le Point Ephémère
Berline 0.33 a dû perdre au jeu et se retrouve à ouvrir cette troisième soirée du Humanist Records festival : du coup, les pauvres montent sur scène dès 19h30 ! Malgré cette difficulté, les lillois assurent le coup. Il n’y a pourtant pas grand monde dans la salle pour écouter leur noise teintée de post-punk. Leurs assauts soniques n’y changeront rien. Le public, plutôt venu pour écouter des sonorités garage, préfère profiter des douceurs de ce mois de mai. A l’intérieur, Berline 0.33 livre pourtant un très bon petit set de 30 minutes, mêlant morceaux de l’album et nouveautés. Ce n’est pas aussi intense que quelques jours auparavant aux Combustibles, mais les morceaux sont toujours aussi bons. Les fantômes de PIL, de Killing Joke et d’Heliogabale sont dans la place. Tant pis pour ceux qui n’en profitent pas. Côté lumière, on navigue dans le grand n’importe quoi (ce n’est d’ailleurs pas la première fois dans cette salle). A la limite du sabotage. Les lillois ne sont vraiment pas aidés. Mais ils en s’en sortent bien, sans coup d’éclat, mais avec classe. On n’en attendait pas moins d’eux.
Le Prince Harry enchaîne. Je me demandais ce que donnait ce trio belge sur scène. J’ai bien aimé les quelques morceaux du nouvel album entendus sur le net. Malheureusement, le son ne va pas être à la hauteur de mes espérances. La guitare aura bien du mal à se faire entendre. Dommage. Les belges défilent tout de même leur post-punk rock’n’roll sans encombre. Clavier aux sons vintage, guitare incisive, rythmes binaires… la formule est bonne.
sauvagerie rock’n’roll et sournoiseries post-punk
Mais elle va s’essouffler peu à peu. Déjà parce que le guitariste va abandonner sa six cordes pour se mettre derrière le clavier. Hors ses plans de guitare apportaient une vraie personnalité aux compos (même si on les entendaient mal), et son absence va manquer. Ensuite, parce que la formule a beau être bonne, elle va se répéter trop systématiquement. Les morceaux ont tendance à se ressembler, du coup, mon excitation retombe au fur et à mesure que le concert avance. Enfin, parce que les titres qui nous la jouent clavier eighties en avant et rythme sauvage, je commence à en avoir un peu trop souper ces derniers temps. Moi ce que j’aime, c’est leur sauvagerie rock’n’roll et leur sournoiseries post-punk, même quand ils pompent une intro de Frustration. Au final, le concert est bon mais j’en attendais sans doute un peu trop, et je ressors presque déçu. Bon concert, mais ce ne sera pas la révélation attendue.
Scorpion Violente prend le relais. Nouveau changement d’ambiance. Le duo commence à se faire un nom avec ses sonorités electro vintage, entre vieux rock synthétique, electro cotonneux, et influence à la Suicide. La salle est d’ailleurs maintenant pleine. Mais personnellement, j’ai du mal à rentrer dans leur univers. J’aime beaucoup les sons qu’ils utilisent, tous ces claviers analogiques, et ce retour dans le passé, mais il manque un élément fort. L’idée qui te retient. Alan Vega ne faisait pas que chanter avec une reverb à fond. Il te donnait l’impression d’être possédé. Suicide te faisait peur. Suicide était rock’n’roll. Scorpion Violente ne fait pas peur. Le chant, noyé dans la reverb, ne me fait pas grand chose. Il y a une salle pleine tournée vers une scène ou il ne se passe rien. Bref, l’ambiance musicale est très bien foutue mais ça manque de force pour moi. Je laisse la messe synthétique se dérouler et je vais me chercher à boire.
Je reviens pour JC Satan. C’est la première fois que je les vois, et ils vont m’entraîner dans leur spirale. Il faut dire que l’air de rien, les garageux balancent de jolis tubes imparables. Vent de fraîcheur assuré sur le Point Ephémère après les sonorités sombres de Scorpion Violente. Bon, le chanteur-guitariste manque sérieusement de classe avec ses interventions bidons (ouais on prend tous de la drogue – pour nous comprendre il faut prendre de la drogue – ouais, on adore Thee Oh Sees – Vive Thee Oh Sees). Il faut faire abstraction. Les bougres ont l’air sympa quand même. Mais derrière leur amour pour Thee Oh Sees (à côté de qui les français ont du mal à rivaliser), JC Satan fait plutôt les yeux doux aux Black Lips, mais c’est sans doute plus vulgaire de le dire. Peu importe, leurs hymnes garage, basés sur trois accords et chantés à tue tête, ont de quoi entraîner tout le public dans une excitation contagieuse. Ça fonctionne à merveille. Et ce soir là, leur énergie m’emporte sans demander mon reste. Parfaite conclusion pour cette troisième soirée du Humanist Records festival.
[photos : cg]