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BILLY BROUILLARD Le chant des sirènes (Bianco)

Pour Billy Brouillard, les adultes sont des assassins : ils ont tué l’enfant qui était en eux. C’est pourquoi lui a décidé de ne jamais rejoindre le monde convenu, prévisible et banal des grands, pour pouvoir continuer à voir le merveilleux qui nous entoure : fantômes, sorcières, goules, nymphes ou démons. Pour cela, rien de plus simple : il lui suffit de retirer ses lunettes et son don de trouble vue fait le reste ! D’habitude, Billy n’aime pas l’été, synonyme pour lui de “chaleur suffocante, de lassitude et d’ennui” et aussi parce que sa luminosité éclatante fait fuir nos rêves et nos fantasmes les plus profonds. Pourtant, cet été dernier passé chez Mémé Sardine a été extra-ordinaire. Parce qu’il y avait la mer ? Peut-être mais plus sûrement parce que Billy y a rencontré une sirène d’à peu près son âge, une petite fille prénommée Prune qui a autant d’imagination que lui et avec qui il a vécu une aventure folle et inoubliable…

Après avoir été confronté à la mort dans le tome 1 puis aux croyances et superstitions dans le 2, cette fois, notre jeune garçon doit faire face à un autre danger, plus inattendu, plus sérieux encore puisqu’il avance masqué (notre homme ne l’avait jamais rencontré auparavant) : l’Amour ! En la personne de Prune. Et si, au début, Billy ne comprend pas vraiment pourquoi elle insiste pour danser avec lui et trouve dégoûtant qu’elle veuille l’embrasser sur la bouche, il finira, quelques jours plus tard, sous le charme, par aller la sauver des Enfers, ce qui l’obligera, au passage, à se laisser absorber par le Kraken, à participer à un concours de la menace verbale la plus infâme, à danser avec une harpie ballerine ou à chanter une berceuse à la Petite Dormeuse (une sorte de déesse qui rêve nos vies) pour qu’elle reste dans les bras de Morphée…

Un chef-d’œuvre d’ode au rêve, à l’imaginaire, au merveilleux et au dessin (autant de choses que les adultes ont tendance à délaisser) : voilà ce qu’est cette série qui impressionne par son inventivité graphique et sa singularité narrative. Car “Le chant des sirènes”, comme ses prédécesseurs, est une forme hybride foisonnante qui mêle au récit principal poèmes illustrés (“L’homme et la mer” de Baudelaire ou “L’enfer” de Dante) et extraits de l’Encyclopédie Curieuse et Bizarre de Cryptozoologie (qui parlent des esprits de l’eau ou des phobies et sortilèges de la magie amoureuse) ou de la Gazette du Bizarre (avec des articles sur les superstitions marines ou la démonologie au fond des abysses) qui l’illustrent. Et comme du côté du récit conducteur, c’est tout aussi original (certains passages, même si les dessins ne sont pas dans des cases, se rapprochent de la bande dessinée que l’on connaît, mais à d’autres moments, il s’agit d’une prose littéraire accompagnée par des dessins), “Billy Brouillard” est tout simplement en train de devenir un incontournable de toute bonne bédéthèque qui se respecte !

(Série constituée d’épisodes indépendants – Soleil)

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