ALBUM. Ah le choix des singles… On voit facilement pourquoi le groupe, et plus probablement son label…, ont décidé de mettre en avant No Rave : c’est le meilleur morceau de leur nouvel album, leur dixième. Problème : il n’est absolument pas représentatif d’Apocalypse Love. Car si ce titre, avec son rock garage psyché enthousiasmant, pouvait laisser augurer un retour aux sources de Black Lips, il n’en est rien. Cela fait longtemps que le groupe américain se sent bien trop à l’étroit dans ce seul genre et démontre, à chaque album, son désir d’explorer d’autres contrées musicales. Apocalypse Love suit une nouvelle fois cette logique, proposant une collection de titres hétéroclites qui désarçonnent de prime abord. Car le groupe laisse ici libre court à ses envies, toutes ses envies : country ici (Apocalypse Love et son chant second degré ou Stolen Flavor que l’on aurait pu jouer dans les saloons du far west) ; surf là (Love Has Won ou le crépusculaire Lost Angel et son côté Calexico) ; ballades folk ailleurs (Antiaris Toxicaria et son refrain à la Violent Femmes ou le décalé The Concubine) sans oublier des cors mariachi sur Tongue Tied et du saxophone un peu partout. Sans se soucier du qu’en dira-t-on. Ou de l’éventuel succès de leurs sorties… Et cela fonctionne. Oh pas tout de suite. Il faut en effet quelques écoutes pour apprivoiser ces morceaux hybrides et aventureux qui mêlent des éléments assez différents comme le plutôt délirant Sharing My Cream, sorte de post-punk disco assez inclassable. Car Black Lips a un vrai sens de la composition et dans chaque morceau (ou presque), il y a une bonne idée qui finit par nous happer : un refrain entêtant, un riff de guitare bancale venu d’on ne sait où, une ambiance qui a du charme…Comme sur les très bons Among The Dunes, sorte de Rocket From The Crypt en version cool, Love Has Won et Lost Angel, dont on a déjà parlé ou encore l’inclassable Crying On A Plane. Au final, Apocalypse Love est un album varié et résolument personnel qui voit le groupe aller où bon lui semble, au gré de ses envies et, surtout, s’amuser (l’humour est omniprésent ici). Et ça lui réussit bien !
(Fire Records)