ALBUM. Les anglais de Black Midi ne sont visiblement pas prêts à se calmer. Ni à mettre de l’eau dans leur vin. Pas question d’édulcorer leur musique même si cela aboutit à des albums pas vraiment faciles à classer ni à suivre…C’est une nouvelle fois le cas de Hell Fire, troisième enregistrement du groupe. Du free math-rock-noise-jazz qui mêle allègrement, avec le plus grand naturel, math-rock épique (Welcome To Hell, le premier single et morceau le plus « accessible »), jazz et chant de crooner (The Defence), ballade pop-folk avec cuivres (Still), noise-rock expérimental façon Ruins (un peu partout, par intermittences…), rock progressif délirant (27 Questions) et bien sûr breaks incongrus sortis d’on ne sait où, souvent au sein d’un même morceau. Comme si Hell Fire était le fruit d’une collaboration hautement improbable entre Frank Sinatra et les furieux japonais de Ruins avec quelques invités de rock progressif iconoclastes pour faire bonne mesure…
Bref, un album totalement imprévisible traversé par un vent de folie sur lequel le groupe n’en fait qu’à sa tête, dans un esprit très Mr Bungle/Faith No More (auxquels on pense d’ailleurs plus particulièrement sur Sugar/Tzu). Une musique d’une grande inventivité dont il faut clairement saluer la prise de risque et la volonté d’expérimenter (ce que fait le groupe depuis ses débuts). Pourtant, soyons honnêtes on ne sait pas encore si on réécoutera Hell Fire très souvent…Black Midi, c’est en effet le genre de groupe dont on ne sait pas trop quoi penser. Selon les morceaux ou les moments de la journée où on les écoute, on a envie de crier au génie ou on les trouve juste prétentieux et fatigants…
(Rough Trade)