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BONS BAISERS DE LIMON (Brenes)

BD. Ramiro est revenu au Costa Rica pour deux semaines de vacances. Quand il met le nez dans un carton de photos anciennes que sa mère a trouvé dans la malle de son grand-père décédé, tout un tas de souvenirs lui reviennent. Des anecdotes aussi. Du coup, il décide de faire le tour des membres de sa famille encore en vie pour recueillir leurs témoignages relatifs à ce Costa Rica qui semblait alors paradisiaque. L’occasion de revoir ses cousins et cousines mais aussi d’en apprendre davantage sur des histoires devenues quasiment mythiques dans la famille ou sur la relation complexe qu’entretenait son papy Virgilio avec son frère Osvaldo faite de jalousie, de complexe d’infériorité et de trahisons. Ramiro apprend par exemple que si c’est bien son grand-père qui a épousé sa grand-mère Rosario, elle et Osvaldo étaient en fait amoureux depuis leur plus jeune âge…

Quel formidable roman graphique ! Pour son premier récit, Edo Brenes s’est inspiré des histoires de sa propre famille tout en y ajoutant une touche imaginaire pour que l’on ait du mal à discerner la frontière entre réalité et fiction. Les photos que Ramiro regarde tout en les commentant (un procédé narratif qui alterne avec des flash-backs) sont, par exemple, pour la plupart, de vraies photos de la famille de l’auteur qu’il a reproduites en dessin. Et le prénom de la fiancée de Ramiro, Yoss, est celui de sa propre femme. Mais heureusement pour lui, le drame central de Bons baisers de Limon est lui complètement inventé. Un drame dont Ramiro n’est pas au courant de prime bord mais qui va refaire surface graduellement à mesure que les témoignages des uns et des autres sont recueillis. Et c’est là que réside la grande réussite du livre : distiller ici ou là, dans les anecdotes et les souvenirs que chacun partage, des indices qui permettent de faire progressivement comprendre au lecteur que sous les apparences paradisiaques de la vie de l’époque, de ces après-midis passés à la plage sous les cocotiers, se cache quelque chose de plus sombre. Un secret de famille bien gardé jusque-là qui va subitement éclater au grand jour, laissant le lecteur sous le choc. Une narration à la mécanique réglée au quart de tour parfaitement mis en images par Brenes. Si le trait, simple, se veut avant tout lisible, le travail sur les couleurs (chaque époque a une palette de couleurs différente : des tons assez froids quand Ramiro regarde les photos ; plus mélancoliques quand on revient dans le présent et plus vifs lors des flash-backs se concentrant sur l’histoire de Virgilio, Osvaldo et Rosario) est quant à lui incroyable. Un premier récit (difficile à croire tant Brenes fait ici preuve de maîtrise…) à ne pas manquer !

(Récit complet, 272 pages – Casterman)

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