Kendrick doit trouver une solution : il ne peut laisser ce serial killer qui sème des corps atrocement mutilés derrière lui après avoir gravé des messages mystiques à même leur épiderme se balader dans Kirkouk comme bon lui semble. Alors, même s’il sait qu’elle n’en a pas vraiment envie (elle avait dû quitter l’Irak car Border Inc, une milice privée chargée de la sécurité d’une plateforme pétrolière là-bas, l’avait dans sa ligne de mire…), il compte convaincre Dana de reprendre du service pour enquêter et faire toute la lumière sur cette affaire : découvrir ce que ce malade a derrière la tête : terroriser la population, menacer les intérêts américains, faire basculer l’Irak dans le chaos en mettant de l’huile sur le feu des tensions entre chiites et sunnites ? Mais aussi le mettre hors d’état de nuire ! Ce sera peut-être aussi pour elle l’occasion de régler ses comptes avec Decker, le boss de Border Inc, qui l’avait humiliée à l’époque…
Le comics américain a toujours eu cette capacité à plonger ses récits, quasiment en temps réel, dans l’actualité politique de son pays et il n’est donc pas surprenant que les scénaristes utilisent, depuis quelques années déjà, l’Irak comme théâtre de leurs histoires. C’est le cas de Burning Fields qui, derrière le thriller inquiétant et efficace teinté de fantastique qu’il déroule, en profite pour dresser un constat sans appel, particulièrement critique, de l’intervention américaine du gouvernement Bush Junior au Moyen-Orient : le sang versé en Irak n’a servi, selon Moreci et Daniel, qu’à défendre les propres intérêts américains en leur permettant de faire main basse sur le pétrole local tout en laissant le pays dans le chaos, nourrissant, au passage, la rancœur et la colère de la population locale à force de commettre injustices et bavures. Graphiquement très sombre (Lorimer a recours a beaucoup d’aplats de noir pour souligner les ombres), Burning Fields est comme l’émanation violente de la mauvaise conscience américaine, avec ces corps mutilés dont la posture ne manque pas de rappeler certaines photos mettant en scène les humiliations de soldats irakiens à Abou Ghraib.
Un aspect engagé, allié à un bel humanisme (l’Islam y est montrée, pour une fois, comme une religion basée sur le partage et la fraternité), qui compense le manque de surprises réservé par l’intrigue en elle-même et qui donne tout son intérêt à ce Burning Fields.
(Récit complet – Ankama)