Sorti il y a quelques temps maintenant, ce nouvel album de Calva, le groupe d’Arnaud Millan et de Stéphane Sapanel (le boss du label A Tant Rêver Du Roi), s’était un peu perdu dans une faille spatio-temporel indigne de notre grande organisation. Il faut avouer que je n’ai jamais été un grand fan du groupe, que ce soit sur scène ou sur disque, malgré mon grand attachement au travail que Stéphane fait avec son label. Et cet apriori négatif aurait peut-être joué dans cette perte ? Non, impossible, la maison a une réputation de sérieux, un tel acte manqué serait impardonnable.
D’autant plus impardonnable qu’en prenant le temps de se plonger dans cet album, on découvre un groupe (redevenu duo après avoir essayé la formule à trois) particulièrement inspiré. Le Calva de “Siamois” en a fait du chemin, laissant au passage le besoin de toujours faire danser l’auditeur à tout prix (quitte à se perdre) pour se concentrer sur des morceaux plus précis et moins racoleurs. La guitare y reprend toutes ses lettres de noblesses, et la combinaison guitare-batterie-synthé, loin d’être dépouillée, vient flirter avec la démarche des nantais de Papier Tigre dans son côté angulaire et malgré tout dansant (“Rock Caillou” par exemple). Le duo y mélange, au grès de ses envies, la technique d’un mathrock digeste, des ambiances noisy, des rythmiques post-punk dansantes, des délires grunge (j’admet qu’utiliser le mot “grunge” en 2017 est assez osé et me procure un certain frisson), une énergie sincère, et une approche toujours assez pop. Cela fait en effet beaucoup pour un seul et même album, mais les frères siamois s’en sortent joliment, il faut l’avouer, dans chaque style. Reste après une histoire de goûts qui nous fera tiquer sur un chant un peu poussé ici ou un riff un peu grossier là. Mais ce nouveau Calva renoue avec le meilleur (avec quelques jolis tubes à la clé) et on sort de ce disque heureux, oubliant ses petits défauts. Merci d’avoir broyer nos aprioris.
(Album – A Tant Rêver du Roi)