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CAMARADE PAPA (Gauz)

ROMAN. 1880. Dabilly quitte son village pour tenter l’aventure coloniale en Afrique. Engagé par la Compagnie Française de Kong, il a pour mission de monter un poste à Assikasso pour barrer la route aux anglais dont l’influence dans la région se fait menaçante. Mais entre blancs négrophobes, luttes d’influence entre les différents fonctionnaires français et maladies, le défi s’avérera plus surprenant et compliqué que prévu…100 ans plus tard, un jeune garçon arrive dans la même région et marche dans les pas de son ancêtre. Lui aussi a une mission : son père l’envoie observer le monde post-colonial et préparer la révolution !
Pour évoquer la période de la colonisation, Gauz utilise toute une palette de nuances : du blanc, du marron clair (que certains appellent blanc), du marron foncé (que certains trouvent noir), du noir et bien d’autres encore, intermédiaires. Car ce qui l’intéresse, ce n’est pas de revenir, avec amertume, sur ce que les blancs ont fait. Mais, au contraire, de montrer que cette histoire est commune aux peuples. Qu’elle fait partie d’eux. Qu’elle les lie. Et qu’elle explique que certaines personnes ont 2 cultures, qu’elles se sentent à la fois hollandaise et guinéenne ou hollandaise et congolaise. Pour ce faire, l’auteur a choisi de croiser les regards : celui de Dabilly, regard européen, bienveillant, sur l’Afrique du début de la colonisation. Et celui du petit garçon, regard d’enfant descendant d’africains révolutionnaires sur l’Europe et l’Afrique post-coloniale un siècle plus tard. Le second, on le comprend au fur et à mesure que le récit avance, descendant du premier…Un choix qui fait sens autant qu’il permet à Gauz de donner beaucoup de vie à sa narration (elle alterne entre passé et présent et change à chaque fois de style, Dabilly s’exprimant avec élégance tandis que le garçon essaie de réutiliser la rhétorique communiste révolutionnaire inculquée par ses parents, sans vraiment la maîtriser, ce qui aboutit à un résultat souvent drôle, comme “suppositoires du grand capital” ou “Commune-de-Paris”, sans parler du français que les Assiniens essaient de parler…) et de porter un regard à la fois tendre, drôle et original sur plus de 100 ans d’histoire afro-européenne (Camarade papa décrit aussi les us et coutumes des peuples africains à la fin du XIXe siècle, leurs relations avec les blancs, leur façon de commercer…) et de métissage. Une belle découverte!

(Le Nouvel Attila)

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