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CANICULE (Vautrin/Baru)

caniculePrenez une ferme paumée de la Beauce habitée par des péquenots dégénérés –la fille, à moitié débile, saute sur le premier homme qui passe ; le père, alcoolique et violent, se masturbe au camping du coin en matant les filles dans les caravanes ; la mère, fatiguée d’avoir à supporter tout cela ne rêve que d’une chose : tuer son mari qui passe ses nerfs sur le fils qu’elle a eu d’un premier mariage-, plongez-y Jimmy Cobb, malfrat professionnel en cavale qui vient de braquer 1 milliard de centimes (et oui nous sommes dans les années 80) et qui a besoin de trouver une planque pour lui et son magot, chauffez le tout (et surtout les esprits) avec un soleil de plomb et vous obtenez « Canicule », roman noir écrit par Jean Vautrin que Baru adapte ici avec grand talent.

C’est bien sûr la confrontation de ces 2 mondes, les bandits d’un côté et les paysans de l’autre, qu’a priori tout oppose (il faut voir Snake ou Cobb se balader dans les champs de blé ou traîner dans la porcherie en « costume de mariage ») qui fait tout le sel de ce récit violent à tous les étages. La violence la plus visible, c’est bien entendu les cadavres que Cobb ou Snake sont prêts à laisser derrière eux pour récupérer le magot mais il y a aussi les coups de ceinturon qu’Horace donne généreusement au fils de sa femme, les insultes racistes proférées par Socrate (l’oncle) envers l’ouvrier de la ferme ou la haine que l’on lit dans le regard de Jessica envers sa brute de mari.

En fait, la violence est omniprésente et elle est au cœur de toutes les relations entre les protagonistes, dont l’attitude est souvent plus proche de celles de bêtes que d’êtres humains… Pas étonnant, du coup, que le regard que porte Vautrin sur cette galerie de personnages soit si incroyablement dur et impitoyable. Une vision de l’Humanité que Baru rejoint et souligne même en donnant des expressions animales aux visages d’Horace ou de son frère (qui ressemblent littéralement à des porcs parfois) ou en les dessinant dans des situations ou positions dégradantes. Au final, à part peut-être Jimmy Cobb et Jessica, aucun personnage ne trouve grâce à leurs yeux.

Un polar terriblement noir et désenchanté mais vraiment excellent.

(Récit complet – Casterman)

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