BD. Capucin menait une vie agréable et privilégiée dans le château de ses parents. Mais quand son père, le grand, le terrible, l’invincible Gauvain, chevalier au service du roi Arthur, se fait couper le bras par un adversaire inconnu (Bouche Dorée) lors d’un grand tournoi, il devient l’homme de la maison, obligé d’aller travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Accompagné de Rostremond, le destrier de son père, il opte d’abord pour le chapardage, la rapine mais abandonne rapidement ne mettant la main que sur quelques radis noirs et autres pommes. Il décide alors de devenir un brigand et va tendre des embuscades à de riches voyageurs…
Réédité en intégrale petit format par Gallimard, Capucin est en fait la première série réalisée par Florence Dupré la Tour à partir de 2006 pour la collection Bayou alors dirigée par Joann Sfar avec qui elle avait auparavant travaillé sur la série animée Petit vampire. Pas vraiment un hasard car on sent clairement l’influence de l’auteur de Le Chat du rabbin ou Donjon sur ces trois tomes. Dans le dessin, c’est ce qui saute tout de suite au yeux, avec ce trait (faussement) simple et enfantin qui ne s’embarrasse ni de justesse technique ni de réalisme, rehaussé de couleurs très vives. Mais aussi dans la narration, hyper dynamique, qui revisite les romans médiévaux de chevalerie (celui du Roi Arthur en tête) en y mêlant d’autres légendes (comme celle de Saint-Nicolas dans le tome 2) ou mythologie (dans le tome 3, les héros se rendent sur le mont Hélicon pour y déclamer des vers purs afin de faire apparaître Pégase et le capturer…). Cela donne, vous vous en doutez, un récit initiatique totalement décalé et délirant, décoiffant par moments, qui part parfois un peu dans tous les sens (Dupré la Tour y aborde, en chemin, entre deux combats, l’homosexualité, la condition de la femme, la fraternité, le machisme, l’amour et j’en passe…) mais qui s’avère bien rafraichissant et, surtout, divertissant. Cette intégrale est donc une belle occasion de découvrir la première œuvre, étonnante et irrévérencieuse, de cette auteure qui a ensuite fait pas mal de chemin !
(Récit complet, 320 pages – Gallimard)