COMICS. La Bibliothèque de Daniel Clowes s’enrichit d’un petit nouveau : Caricature. La réédition d’un recueil de 9 histoires courtes parues dans Eightball, la série qui a fait connaître l’auteur américain.
« J’ai eu l’idée prétentieuse d’observer le monde à l’abri derrière un masque » : cette phrase, prononcée par le héros adolescent d’Immortel, invisible, aurait très bien pu sortir de la bouche de Clowes pour décrire ces 9 histoires. Dans lesquelles il observe donc des individus se débattre dans leur quotidien. Souvent des hommes (il y a une exception cependant, la séduisante Mona Beadle, psychologiquement pas très équilibrée non plus) célibataires névrosés qui ont du mal à avoir une vie sociale normale. Ou des ados qui s’ennuient, frustrés parce que leurs fantasmes ne se réalisent jamais. Des portraits tour à tour inquiétants (La Maison dorée), bizarres (Black nylon), touchants (Caricature) voire dérangeants qui, mis bout à bout, brossent une sorte de portrait désabusé de l’Amérique contemporaine.
Recueil oblige, la qualité de l’ensemble est assez hétérogène et les histoires ne sont donc pas toutes aussi réussies que le mélancolique Caricature mais elles peuvent par contre s’appuyer sur une constante essentielle : le dessin réaliste (l’encrage de Clowes est d’une précision chirurgicale), souvent en noir et blanc, sans concessions de Clowes. Caricature n’est certes pas le meilleur livre de l’américain mais 9 nouvelles (si vous ne les connaissez pas encore) histoires de l’auteur du récent Monica, Fauve du meilleur album à Angoulême cette année, ça ne se refuse pas…
(Recueil d’histoires courtes, 104 pages – Delcourt)