BD. Bien sûr, Shikara avait perdu son mari, le roi, au cours d’une partie de chasse mais depuis qu’elle était montée sur le trône et avait donné naissance à ses jumeaux, Jalna et Gorakh, elle avait retrouvé la joie de vivre et était même heureuse. Tout comme son royaume dans lequel la paix, la prospérité et le bonheur régnaient. Un âge doré qui dura 14 ans. Jusqu’à ce que son fils Gorakh ne bascule par-dessus le balcon de sa chambre en essayant de rattraper l’oiseau-volcan que sa mère lui avait offert en souvenir de l’histoire qu’elle leur contait, enfants, avant de s’endormir…Le chagrin reprit alors possession de la reine mais cette fois ne la quitta plus…
Zidrou a écrit pour nombre de dessinateurs (Clarke, Fournier, Darasse, Homs, Lafèbre, Pé, Porcel, Oriol et je m‘arrête là car la liste est longue…) mais pas encore pour Salomone. C‘est maintenant chose faite avec Celle qui fit le bonheur des insectes, un scénario sur mesure pour le dessinateur de Des Plumes et Elle et L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, avec ce cadre indien qui lui permet de donner toute la mesure de son grand talent (paysages, architecture, habits, entre autres, sont reconstitués avec précision et inspiration à travers un trait au pinceau et des aquarelles vives magnifiques) et ce côté sensuel que Salomone aime mettre en avant dans ses œuvres.
Un conte à l’image de la vie, à la fois beau et cruel qui nous parle de chagrin et de deuil mais aussi, et surtout, de la nécessité de continuer à aller de l’avant, à aimer, bref à vivre. Voilà pourquoi les aquarelles de Salomone sont si colorées : Celle qui fit le bonheur des insectes est avant tout une ode à la vie et à l’amour. Ce qui n‘étonnera pas ceux qui connaissent déjà les œuvres de Zidrou que l’on retrouve ici en très grande forme. Un très beau récit, superbement écrit (les textes, poétiques, qui s’inspirent des contes traditionnels, sont véritablement ciselés) et tout aussi magnifiquement mis en images !
(Récit complet, 96 pages – Daniel Maghen)