Pas l’ombre d’un phoque ! Anki et Tagak sont une nouvelle fois revenus bredouilles de la chasse. Le village n’a pas une goute de graisse en stock et l’hiver approche à grands pas. Il reste peut-être une solution, que les chamanes ne peuvent cette fois plus écarter : aller trouver la déesse de la mer pour la séduire et la coiffer afin que sa chevelure libère le gibier retenu sous l’eau. Mais voyager avec les esprits n’est pas sans danger. C’est ce qu’Anki et Tagak apprendront à leurs dépens…
Superstitions, chamanisme et magie sont si présents chez les Inuits que Pierre Place a décidé d’en faire un élément essentiel de l’intrigue de son récit. Ainsi scènes de la vie de tous les jours (comme les conseils des sages sous l’igloo, la préparation des peaux ou le dépeçage des animaux), rendues avec fidélité et précision, et créatures surnaturelles ou autre esprits se trouvent ici comme mêlés et même liés car ils font partie du même monde de « Celle qui réchauffe l’hiver ».
Un récit qui, à travers l’épopée homérique de ces 2 chasseurs luttant contre des forces mythiques (l’esprit du roi ours, la déesse de la mer ou les géants sans corps) pour la survie de leur clan, revisite la mythologie Inuit avec personnalité : une inventivité graphique (notamment lorsqu’il s’agit de mettre scène les forces surnaturelles) et un ton burlesque (la fiancée de Tagak traite la déesse de la mer de « morue » ; Amaat, Celle qui réchauffe l’hiver, qui a un gros appétit sexuel, a un loup pour amant…) inattendus, pas forcément toujours bien dosés d’ailleurs mais qui détonnent. Une aventure épique plutôt ébouriffante que l’on n’est pas surpris de retrouver dans cette collection Mirages.
(BD – delcourt)