Foerster a été, on a peut-être tendance à l’oublier, un pilier de Fluide Glacial ! Entré au magazine en 1979, il y collabora ensuite près de 20 ans, signant plus d’une centaine d’histoires courtes. D’où l’hommage appuyé, et mérité !, que lui rend l’éditeur avec ce superbe ouvrage, sorte d’anthologie définitive (ces récits courts avaient déjà été compilés dans 11 albums) de 288 pages regroupant le meilleur (près de 50 tout de même) de ces histoires, avec fil marque page s’il-vous-plaît !
Et le pavé porte bien son nom : toujours composés de 6 ou 7 planches, les récits sont noirs jusqu’au bout du crayon ! Tour à tour grinçantes, inquiétantes, étranges, troublantes, voire dérangeantes, mais toujours surprenantes, les histoires, parfois plus légères, prennent malgré tout souvent l’allure de contes macabres aux a-plats de noirs omniprésents. L’humour très noir de Foerster puise souvent à la source du fantastique pour arriver à ses fins : il y est souvent question de sorts, de malédictions, d’âme vendue au diable, de sorcellerie, de sirènes ou de pouvoirs paranormaux. Pourtant, le sort frappe rarement au hasard chez Foerster, pas vraiment tendre avec la race humaine, car les victimes de son “sadisme” sont souvent (même s’il peut arriver que certaines soient “innocentes”) punies de leurs vices : méchanceté, jalousie, égoïsme, avidité ou cruauté !
Et l’inventivité scénaristique dont notre homme y fait preuve pour trouver des châtiments sans cesse renouvelés n’a d’égal que la précision de la mécanique narrative des récits. A l’image des nouvelles littéraires, ils sont d’une efficacité redoutable : précis et totalement maîtrisés, ils réservent très souvent un dernier rebondissement inattendu, sorte d’uppercut final sous le menton qui vous met totalement K.O. Bref, des petits bijoux d’humour noir méchamment drôles que Fluide Glacial livre ici dans un bien bel écrin avec, en prime, une préface dessinée signée Ferri et Larcenet très réussie.
(Anthologie – Fluide Glacial)