Bené a 8 ans. C’est son premier jour de classe dans sa nouvelle école. Une de plus. Car Bené ne cesse d’être renvoyé. Violent, insaisissable et rebelle, il semble incapable de respecter règles et autorité. Il ne voit pas l’intérêt d’apprendre et pourtant il ne sait pas encore lire. Mais avec sa nouvelle maitresse, les choses semblent changer. Car Valentine ne le lâche pas d’un millimètre et entend bien lui inculquer les règles qu’on ne lui a jamais apprises à la maison…
Comme souvent (et c’est aussi ce que l’on aime chez cet éditeur), Futuropolis donne ici sa chance à un très jeune auteur. Car Raphaël Geffray étudiait encore à l’institut Saint-Luc à Bruxelles et C’est pas toi le monde était en fait son projet de fin d’études.
Un récit dans lequel Geffray se frotte à un thème complexe et ardu : l’éducation et la pédagogie. Comment s’y prendre avec ces gamins livrés à eux-mêmes dont les parents ne jouent pas le rôle qui est le leur ? Faut-il se montrer plus permissif ou au contraire intransigeant ? L’école actuelle est-elle vraiment adaptée à ces gamins violents et pouvant mettre en danger leurs camarades à tout instant ? L’auteur n’apporte pas forcément de réponses à ces questions (peut-être parce qu’il n’y a pas forcément de réponses toutes faites…) et c’est là les limites de C’est pas toi le monde. Un récit qui réussit, par contre, à rendre compte avec beaucoup d’acuité de la façon dont Bené perçoit le monde, de sa façon de fonctionner avec les autres et de ses attentes. Avec notamment cette belle trouvaille graphique qui consiste à parfois mêler dessins griffonnés (qui représentent la façon décalée et erronée dont le garçon perçoit le monde) et lavis de gris parfaitement exécutés (le monde tel qu’il est vraiment) pour mieux nous faire comprendre à quel point l’analphabétisme peut brouiller les repères de la perception et handicaper un être humain.
Un premier livre prometteur qui montre de belles qualités d’observation et qui parvient à montrer la complexité du travail des enseignants, picturalement très réussi, même si l’on aurait aimé que son auteur aille parfois au-delà du constat.
(Roman graphique – Futuropolis)