BD. Nous sommes en 2016. Alfonso Zapico est en plein dans la réalisation de sa nouvelle bande dessinée (un projet fleuve de plus de 500 pages), La Balada del Norte, quand il apprend qu’Eduardo Madina projette de faire une interview de Fermin Muguruza, légende du rock alternatif, pour le magazine Jot Down. Impossible de manquer cette rencontre ! Zapico met donc en stand by son nouveau récit pour rejoindre les 2 hommes qu’il connaît déjà à Irun et assister à leur rencontre “historique” pour en faire un livre. “Historique” car elle n’aurait pu avoir lieu seulement quelques années plus tôt. Mais entre-temps (en 2011), il y a eu l’annonce du cessez-le-feu définitif de l’ETA, organisation terroriste se battant pour l’indépendance du Pays Basque. Et désormais l’ancien responsable socialiste qui a survécu à un attentat à la bombe de l’ETA (il a tout de même perdu une jambe dans l’explosion de sa voiture) peut rencontrer, au vu et au su de tout le monde, l’engagé Muguruza, qui a toujours milité, dans ses différents groupes, que ce soit Kortatu ou Negu Gorriak, pour la préservation de la culture basque et l’indépendance de la région, par les armes si nécessaire, avant de revoir sa position et de militer pour une résolution pacifique et politique du conflit.
C’est ce symbole fort -des gens différents (Zapico revient sur leurs trajectoires respectives au Pays Basque avant de dessiner leur entretien) qui peuvent enfin se rencontrer pour discuter ensemble- que Zapico voulait bien entendu ici mettre en images. Bien sûr, on aurait peut-être aimé que l’auteur revienne sur l’origine du conflit entre l’ETA et l’état espagnol pour avoir une vision d’ensemble mais son propos est ailleurs. Il le dit d’ailleurs en introduction : Ceux qui construisent des ponts est en effet avant tout une ode à la paix et à cette nouvelle ère qui s’est ouverte en Espagne depuis 2011 et un hommage à ceux qui n’hésitent pas, tels Madina et Muguruza, à tendre la main à des personnes qui ont des opinions différentes pour faire avancer les choses et faire reculer la haine et la violence. Et même si la portée symbolique de cette rencontre est bien plus importante pour l’Espagne, on peut néanmoins saluer le choix de Futuropolis de traduire le livre pour que l’on puisse y avoir accès en France aussi !
(Récit complet, 200 pages – Futuropolis)