Autant le dire tout de suite, Abyss est assez inclassable ! Pour notre plus grand plaisir… Car on aime ces albums qui brouillent les pistes et qui osent s’aventurer dans des zones musicales étranges et peu explorées. Dés les premières notes de Carrion Flowers, l’un des 2 premiers singles, l’univers très personnel et singulier de Chelsea Wolfe se met en place, avec cette voix, belle, pure et hypnotique d’un côté et ce véritable mur du son, avec ces guitares hyper saturées, ces grondements électroniques menaçants ou ces violons grinçants, qui se dresse derrière, de l’autre. Une dichotomie déroutante de prime abord qui fonctionne pourtant. Et très bien même. Le chant de Chelsea Wolfe s’avérant souvent judicieux et touchant et le travail des invités entourant la jeune femme juste et inventif (avec une mention spéciale pour Mike Sullivan, le guitariste, qui officie habituellement chez Russian Circles). Un contraste entre grâce et bruit, lumière et ténèbres, bien et mal que l’on retrouvera régulièrement tout au long de l’album, comme sur les très bons Iron Moon ou After The Fall. Sur la seconde partie d’Abyss un certain calme revient (on ne dira pas une sérénité…) et rapproche alors les morceaux d’un folk gothique plus identifiable.
Chelsea Wolfe a vraiment réussi à créer là un univers aussi mystérieux que troublant. Cet Abyss, qui porte décidément bien son nom, est véritablement peuplé de fantômes (on peut même parfois les entendre, comme sur le début de Dragged Out) et les 11 titres qui le composent ne sont que le reflet de l’âme torturée et sombre de Chelsea Wolfe hantée par ceux-ci. Un album habité qui ne peut laisser indifférent.
(Album – Sargent House)