BD. 2001. Mathieu Blanchin publie sa première bande dessinée, Le Val des ânes, qui obtient d’ailleurs le prix du meilleur premier album à Angoulême l’année suivante. Quand, en 2018, le livre est épuisé, Futuropolis décide de le rééditer. L’auteur propose alors de changer le titre, Comment je ne suis pas devenu un salud, qui correspond mieux à l’objectif qu’il avait en tête à l’époque : revenir sur la cruauté dont il faisait preuve avec ses deux frères, notamment le plus jeune, Henri, quand ils étaient enfants. Il imagine aussi rajouter quelques anecdotes. Finalement, c’est un chapitre complet, et plus de 170 pages, qu’il a réalisées…
Après son enfance racontée dans Le Val des ânes, Blanchin a ressenti le besoin de poursuivre avec ses années d’adolescence. Compliquées…Marquées par des angoisses continuelles (il parle d’une boule au ventre qui ne disparaissait que rarement, quand il dessinait, faisait de la randonnée dans la montagne ou pratiquait le judo…), un complexe lié à sa petite taille (au lycée, à 16 ans, il ne mesurait que 1,49 mètres…) et les questions liées à la sexualité (ses premiers poils pubiens mirent longtemps à apparaître…). Ses déboires au lycée (scolaires -lui qui ambitionnait de devenir vétérinaire n’arrivait pas à avoir la moyenne en maths, mais aussi amoureux -Marie-Christine, dont il était amoureux, ne voyait en lui qu’un meilleur ami…) ou encore son obsession de l’époque : pouvoir réunir assez d’argent pour s’acheter une mobylette à ses 14 ans. Il parle aussi, et surtout, de ce qui l’a peut-être sauvé : le dessin. Qua sa professeur d’Arts plastiques au collège, Bernadette Main, et Casa, son prof au lycée, l‘encouragèrent à étudier. Ce qui le mènera à faire l’école Emile Cohl à Lyon puis à réaliser des bandes dessinées…
Un récit autobiographique toujours aussi sincère et honnête, l’auteur ne cachant rien de ses souffrances ni de ses travers. Du coup, la violence, qu’elle vienne des maladresses éducatives de ses parents ou de sa propre attitude envers ses frères (à un certain âge, lui et Marc appelaient leur petit frère « le bougnoule » en lui faisant croire qu’il avait été adopté par ses parents…), est omniprésente. La frustration, affective mais également physiologique, aussi. Mis en images en noir et blanc, d’un trait direct et spontané, aussi honnête que le propos, avec beaucoup d‘inventivité (notamment quand il représente les souffrances qu’il a connues enfant quand on lui mettait un appareil pour tordre ses pieds -il avait des pieds bots…- dans le bon sens), Comment je ne suis pas devenu un salaud est une mise à nue sans complaisance en même temps qu’une touchante déclaration d’amour à la bande dessinée de la part de l’auteur de Martha Jane Cannary et Le Voyage du Commodore Anson avec Perrissin.
(Récit complet, 256 pages – Futuropolis)