1874. Ayant quitté les siens après que sa tribu ait été décimé par des soldats américains, Two Moons n’a plus qu’une idée en tête : se venger. De son côté, Antoine Armadin a décidé de faire route vers l’ouest. Fatigué de New-York et de Pittsburgh, lui qui fuyait la répression des versaillais après la Commune de Paris a entendu dire que dans ce nouvel Eldorado on pouvait faire fortune. Les 2 hommes vont se rencontrer au beau milieu du désert de l’Oklahoma et décider de faire un bout de route ensemble…
Quel plaisir de retrouver Fred Pontarolo ! Entre l‘arrêt prématuré de sa (pourtant excellente) série James Dieu pour d’obscures problèmes de contrat avec Futuropolis ou le report répété de son nouveau projet Bones par Casterman, on n’avait pas relu l’auteur d’Akarus ou Naciré et les machines (lectures très recommandées !) depuis quelques années (depuis 2009 en fait !). Il revient donc chez Sarbacane avec ce Compadres scénarisé par Colin-Thibert. Un western particulièrement sombre et désenchanté qui nous plonge dans l’univers sans foi ni loi de l’ouest américain à une époque (la deuxième partie du XIXème siècle) où c’est la loi du plus fort qui régnait. Le scénario de Colin-Thibert (dont on découvre ici, admiratifs, le travail) est aussi nerveux qu’efficace (la narration rythmée faisant la part belle à l’action) sans oublier d’être personnel avec cette couleur sociale fort bienvenue que notre homme donne à ce Compadres (d’où le titre…) en nous faisant découvrir l’apparition des premières luttes sociales (et les premières tentatives de créations de syndicats) dans la toute jeune Etats-Unis d’Amérique, sous l’impulsion des immigrants venus de Russie, d’Italie ou de France. Mais aussi la façon (à coups de fusils…) dont les patrons y répondirent…Et comme Pontarolo met le tout en images d’un trait sec et épuré (bien plus qu’auparavant) complètement raccord avec le contexte, cela donne un récit aussi plaisant que réussi. Un Compadres qui devrait permettre au dessinateur de relancer sa carrière ! On l’espère en tout cas.
(Récit complet – Sarbacane)