ALBUM. La seule chose que nous pouvions comprendre de ce groupe marseillais avec leur premier album, c’est qu’ils faisaient parti de ces touches à tout insaisissables mais talentueux. On savait qu’ils aimaient donner un sens à leurs disques (le Rwanda pour le précédent opus), et qu’ils savaient composer d’excellents titres. Pour le reste, je ne m’aventurerais pas à les classer.
Alors cela ne surprendra personne de retrouver ces quelques signaux sur ce nouvel album, toujours livré sous forme d’un vinyle accompagné de sa galette CD. Un concept, Marseille et ses vies d’enfants brisées. Et, bien sûr, un talent toujours intact.
Car la grande force de ce groupe, qui peut aussi lui jouer des tours à l’occasion, est bien de pouvoir s’exprimer dans tous les styles. Je ne parle pas de mélanger les styles dans un vulgaire crossover complexe, Conger!Conger! est trop attaché aux chansons fortes pour cela, mais bien de passer de titre post-hardcore (“why making child tonight” qui rappellent Portobello Bones), à des titres plus noisy (“Why making child ?” continue à avoir quelques accointances avec feu-Bananas at the Audience, tandis que “Why making ?” laisse percevoir l’influence du Fugazi indie), à des dérapages noise (“why?” et ses clins d’œil au death metal)… il en va de même, avec toujours autant de réussite sur la face B : le disco-punk, quasi funky et particulièrement accessible de “to let them play with fire” (et ses incursions de saxo… que je conchie toujours autant), le poppy (malgré son refrain particulièrement angoissant) “to let them play?”, le post-punk froid et particulièrement réussi “to let them ?” (mon coup de cœur), pour finir avec l’énervé “To Let?”.
Vous l’aurez compris, difficile de ne pas s’y perdre. Mais on s’y perd avec délectation, tant les titres sont toujours aussi aboutis. Comme lors de leur précédent effort, ce nouvel album donnerait presque l’impression d’écouter une compilation de différents projets partageant une sensibilité et un talent commun. Mais rarement les compilations sont d’aussi bonne facture. Alors c’est vrai qu’ils pourraient sans doute se contenter d’un seul style pour un album entier — cela nous permettrait au moins de les reconnaitre plus facilement — mais ils risqueraient de s’ennuyer rapidement. Alors ne boudons pas notre plaisir, tant de talent dans un simple trio est tellement rare.
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